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Les pratiques

Les cabinets de conseil s'adaptent à la crise

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 16.06.2009 |

Depuis janvier, alors que l'activité de conseil en management et RH a plongé, les professionnels essayent de faire face à hauteur de leurs moyens. Peu de PSE d'envergure, mais du cas par cas.

«Nous n'avons jamais connu de crise si brutale. » Jean-Paul Brette, vice-président du Syntec Conseil en recrutement (140 cabinets) et directeur général de Hudson, évalue à au moins 40 % la baisse d'activité dans la profession. Au Syntec Conseil en management (85 cabinets), l'heure n'est pas, non plus, à l'euphorie. La dernière enquête annuelle, publiée ce 16 juin, parle d'une croissance de 6 % pour 2008 (contre 13,7 % en 2007), et d'une baisse des effectifs de 3,3 %.

Aucune visibilité

« Nous n'avons aucune visibilité. Même s'il n'y a pas d'interruption globale des commandes mais plutôt des décalages et des diminutions des cahiers des charges », précise Jean-Luc Placet, président du Syntec Conseil en management. Conséquences : les chiffres d'affaires font grise mine et les intercontrats s'allongent. De l'ordre de 10 % du temps de travail d'un consultant en moyenne, ils auraient doublé depuis quelques mois.

Alors, le secteur du conseil s'adapte, avec un souhait : éviter l'hémorragie de personnel. « Nous avons tiré la leçon de la crise de 2001 et ses licenciements massifs (le conseil avait perdu un tiers de ses effectifs, NDRL). Lorsque l'embellie est revenue, nous avons eu les pires difficultés à recruter », signale Jean-Luc Placet. Du coup, les cabinets font surtout de la GRH. Priorité à la formation et à la mobilité.

Glissement des activités

Ainsi, Altedia transfère ses consultants sur certaines activités. « Le conseil en négociations sociales et en restructuration occupait deux tiers des activités avant la crise, contre les trois quarts aujourd'hui. Dès lors, nous transférons, à temps plein ou partiel, nos consultants recrutement vers le reclassement. Une vingtaine sont ainsi concernés. Cette souplesse interne nous permet de garder nos salariés et d'alléger nos coûts », explique Xavier Lacoste, directeur général. Jean-Paul Brette dresse le même constat : « Il y a clairement un glissement des activités de recrutement vers celles de conseil en évaluation, en mobilité interne, voire en coaching. »

Et puis, la solidarité entre cabinets joue à plein. Des locaux sont mis en commun, comme certaines expertises internes. Des cabinets-conseils en RH du sud de la France, Scoreman Consultants et Phosphore, joignent leurs forces, par exemple, pour répondre aux mêmes appels d'offres.

Pour le reste, rien de très original. « Nous faisons comme les autres entreprises », avance Jean-Luc Placet. A ceci près que les cabinets n'ont pas forcément les mêmes moyens. « La majorité des structures emploient autour de 20 salariés, la créativité est limitée », commente Jean-Paul Brette. Du coup, les ajustements s'apparentent plus à de petits arrangements entre amis et à du cas par cas. Un congé sans solde demandé, il y a quelque temps, est autorisé, tout comme un 4/5e jusqu'alors en instance. Pas question, par ailleurs, de conserver des reliquats de vacances. « Nous demandons que les JRTT soient pris en l'absence de mission. Alors que nous étions plutôt coulants sur la prise de congés, je pense que, pour cet été, période creuse, nous allons être plus directifs », prévient Jean-Luc Placet.

Baisse des rémunérations

Les salaires ne sont pas épargnés. Jean-Paul Brette annonce, ainsi, que pratiquement rien n'a été provisionné pour les bonus 2009. Chez Eurosearch, cabinet-conseil en ressources de management, Marc Pagezy, son dirigeant, a négocié une baisse des rémunérations allant de 10 % à 20 % pour tous les collaborateurs.

Certains ont songé au chômage partiel. Mais l'exercice est compliqué. Syntec Conseil en management est, pour l'heure, en discussion avec le ministère du Travail.

Dans certains cas, il a fallu tailler dans les effectifs. « Avec un recul de 30 % de notre activité depuis ce début d'année, nous avons dû licencier 3 CDI sur 25, interrompre des CDD et renvoyer des stagiaires. Nous avons donc densifié les postes », explique Marc Pagezy.

Plan de départs volontaires

Parfois, la cure d'amaigrissement est plus sévère. Ernst & Young a lancé, le 30 mars, un plan de départs volontaires. Concernés : un peu plus de 300 postes sur un effectif total, en France, de 5 000 collaborateurs. « Nous offrons une incitation financière d'un peu moins d'un mois de salaire par année d'ancienneté, l'appui d'un cabinet d'outplacement et la mobilisation de la communauté des associés pour identifier les opportunités de mobilité externe », détaille Alain Perroux, associé en charge de la stratégie des RH. D'ores et déjà, 200 propositions d'emploi émanant du privé et du public leur sont parvenues. Le cabinet prévoit, également, d'encourager la prise de congés sabbatiques d'une durée de trois mois maximum, subventionnés à hauteur de 30 % de la rémunération, des congés création d'entreprise ou des projets caritatifs. « Il y a des candidats pour chacune des mesures », assure le DRH. Une politique d'« anticipation » qui doit permettre au cabinet de poursuivre sa politique de recrutement de jeunes diplômés ; 400 nouveaux collaborateurs en CDI seront intégrés dans les prochains mois.