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« La réforme est mal positionnée »

Dossier | L'entretien avec | publié le : 16.06.2009 |

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« La réforme est mal positionnée »

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E & C : Comment jugez-vous ce projet de loi ?

A. B. : Il ne m'apparaît guère innovant : il reprend l'ANI du 7 janvier 2009, qui n'est qu'un ajustement des dispositions de la réforme de 2003-2004. Mais il serait injuste de rendre les partenaires sociaux responsables de cette situation : la responsabilité première revient aux instances gouvernementales, qui ont poussé les partenaires sociaux, alors qu'ils n'étaient pas demandeurs, à négocier, bien qu'elles soient incapables de faire connaître leur propres intentions quant à la réforme.

Le défaut majeur de la réforme réside dans son mauvais positionnement : éducation et formation forment un bloc. Les problèmes rencontrés au cours de l'éducation se répercutent automatiquement dans la formation. La formation continue reproduit le modèle éducatif, en en prolongeant les réussites et les échecs. Mais, la formation continue s'épuise à corriger les insuffisances de la formation initiale, alors qu'elle n'est pas conçue pour être le radeau de sauvetage d'un navire en détresse. Le bloc éducation-formation devrait être traité comme un tout. Un grand nombre de participants, notamment dans les milieux syndicaux, ont déploré l'absence de l'Education nationale dans les débats sur la réforme de la formation professionnelle.

E & C : Pourtant, dans l'ANI du 7 janvier 2009, les partenaires sociaux ont rappelé que la formation initiale relève de « la responsabilité de l'Education nationale ».

A. B. : Oui, mais telle n'est pas la perspective dans laquelle se situe la réforme conduite par Christine Lagarde et Laurent Wauquiez. Après avoir pris acte que « près de 60 000 jeunes, soit 8 % d'une génération, sortent du système scolaire sans qualification chaque année, et que près de 150 000 sortent sans diplôme de l'enseignement secondaire », la note d'orientation de la ministre considérait cette situation comme une donnée non modifiable et est allée chercher des réponses dans les mesures traditionnelles mises en oeuvre pour les jeunes en difficulté : alternance, écoles de la deuxième chance...

Autant dire que la ministre chargée de la réforme de la formation professionnelle n'accordait aucun crédit à la réforme de l'Education nationale conduite par son collègue au gouvernement. Mme Lagarde et M. Darcos, qui siègent ensemble au Conseil des ministres, ont développé chacun leur «soliloque», alors qu'ils auraient dû parler d'une même voix.

* Arnaud Franel éditions.

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