Prodiguer des savoirs de base à des handicapés mentaux illettrés, c'est le pari engagé à Florensac (Hérault) par AVH, à la fois entreprise adaptée, avec 52 salariés en grande majorité handicapés, et Esat (Etablissement et service d'aide par le travail), employant 98 autres handicapés. Environ 80 % sont considérés comme déficients intellectuels, les autres souffrant de troubles psychiques. AVH s'est lancé dans cette voie par nécessité : l'entreprise a acheté, il y a deux ans, un robot de soudure pour le travail du métal et investit, aujourd'hui, dans des machines à commande numérique pour façonner le bois. Elle se développe également dans la création et l'entretien d'espaces verts. Encore faut-il que les ouvriers puissent prendre des mesures, faire des réglages, modifier un programme...

AVH a demandé à l'Agefos-PME Languedoc-Roussillon, son collecteur depuis quatorze ans, de chercher les financements et un organisme de formation pour un programme de remise à niveau. En l'absence d'aide de l'Agefiph, qui ne finance pas les parcours dans le cadre d'une entreprise adaptée ou d'un Esat, l'Opca a fait appel au Fonds unique de péréquation (FUP) au titre des actions contre l'illettrisme. Cette subvention, qui couvre environ 80 % du budget, est complétée par le fonds formation de l'Agefos-PME et le Fonds social européen. Des aides d'autant plus nécessaires que le coût de la formation est élevé.

Le premier cycle, qui s'est déroulé du 30 septembre au 17 décembre 2008 avec 25 personnes, est évalué à 55 000 euros (dont 84 % de coût pédagogique) pour 708 heures. Les stagiaires, répartis par groupes de six, suivent un atelier par semaine d'une durée de trois heures, soit en français, soit en mathématiques. Au total, 48 travailleurs handicapés bénéficieront de cette remise à niveau (environ 1 600 heures au total) qui devrait se terminer en 2010.

Selon la démarche adoptée par le prestataire de la formation, Mayor, tous les supports utilisés viennent de l'entreprise ou du secteur d'activité auquel elle appartient. Pour éviter de mettre en difficulté des personnes qui souffrent de leur ignorance, les groupes sont composés de stagiaires de niveau comparable. Autre point fondamental : le parcours de chaque stagiaire est individualisé en fonction de son niveau et de son projet personnel.

« La motivation est très forte, il n'y a pas d'absentéisme et les acquis sont importants : certains arrivent à utiliser un pied à coulisse ou à corriger des points sur le robot, quelques-uns ont pris goût à la lecture et se sont inscrits à la bibliothèque. Dans l'ensemble, ils prennent plus d'initiatives, alors qu'ils étaient cantonnés à des tâches simples et répétitives, souligne Pierre Mathieu, directeur d'AVH. Cependant, ils ont parfois du mal à mettre en application dans les ateliers ce qu'ils ont appris. »