E & C : Les audits, notations et labels sur les thèmes de la responsabilité sociale et de l'égalité des chances se sont multipliés. Pour quelles raisons ?

F. F. : Il y a effectivement une profusion d'initiatives. A tel point que les entreprises disent qu'elles ont un peu de mal à s'y retrouver. L'Etat veut, en effet, qu'elles s'engagent sur les labels et autres référentiels. Cela donne l'impression que ce dernier ne veut pas assumer ses responsabilités et qu'il cherche des acteurs pour exercer des pressions à sa place.

E & C : Ces labels et autres audits sont-ils efficaces pour favoriser l'égalité des chances et la responsabilité sociale ?

F. F. : A vouloir, ainsi, développer les contrôles externes, n'y a-t-il pas un risque qu'on en oublie les contrôles internes, qui ont toute leur pertinence ? Je veux, bien sûr, parler des partenaires sociaux et du dialogue social. Un accord a des vertus que n'ont pas les audits, notamment parce qu'il implique les syndicats, qui s'approprient alors la problématique. Je ne suis pas certain que les audits produisent cet effet de levier. En outre, ses résultats ne sont pas publics, contrairement au contenu d'un accord.

E & C : Le cahier des charges des labels insiste tout de même sur le dialogue social...

F. F. : Mais sans obligation de parvenir à un accord. En outre, l'ANI de 2006 sur la diversité n'est même pas recensé comme texte fondateur par le Label diversité.

E & C : Les audits sont-ils efficaces au regard de l'investissement consenti par les entreprises ?

F. F. : Les directions doivent bien mesurer les avantages et les inconvénients à s'engager dans un audit. Celui-ci a un coût. Tout ce qui est dépensé en audit ne l'est donc pas, par exemple, en formation. Par ailleurs, le coût d'un audit est proportionnel au périmètre audité. Les entreprises sont donc contraintes de limiter l'audit à quelques entités. Finalement, n'est-il pas moins cher de négocier un accord avec les syndicats ?