logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

« Le poids de la flexibilité repose de plus en plus sur les jeunes »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 02.06.2009 |

Image

« Le poids de la flexibilité repose de plus en plus sur les jeunes »

Crédit photo

E & C : Vous êtes l'auteur de l'ouvrage Les jeunes ont-ils raison d'avoir peur ? (1). Quelles sont, selon vous, les raisons du malaise ?

O. G. : Les causes sont économiques et culturelles. Les jeunes souffrent, tout d'abord, d'une discrimination économique. Ils sont plus que jamais une variable d'ajustement. Le poids de la flexibilité repose de plus en plus sur leurs épaules.

Du début des années 1980 au milieu des années 2000, le pourcentage des jeunes actifs de moins de 25 ans occupant un emploi instable ou étant ou chômage est, ainsi, passé d'un peu plus de 40 % à près de 60 %. Dans le même temps, la proportion d'actifs âgés de 30 à 50 ans qui connaissaient la même situation restait stable, autour de 15 % à 16 %.

Les jeunes peu qualifiés sont encore plus touchés : à l'aube de l'entrée définitive dans la vie adulte, 40 % des non-diplômés sont encore dans une situation professionnelle précaire. Par ailleurs, les obstacles sont culturels : en présentant le diplôme comme le seul passeport pour avoir une bonne place dans la société, l'école n'a pas su gérer la diversité des aspirations scolaires et des talents. En appliquant un cadre trop uniforme et trop formel, elle conduit au découragement et à l'échec beaucoup de ceux qui ne répondent pas aux standards de la réussite académique. Chaque année, 18 % des jeunes, soit 130 000 personnes, sortent du système scolaire sans diplôme.

E & C : La politique de l'emploi en direction des jeunes, menée depuis trente ans, est-elle un échec ?

O. G. : Certaines mesures n'ont pas été inutiles. La création des missions locales, en 1982, par exemple, a permis de prendre en charge de nombreux jeunes en grande détresse. Les contrats en alternance ont également fait la preuve de leur efficacité.

Mais plusieurs mesures ont ouvert la voie à des statuts dérogatoires (contrats aidés, stages...) tels les emplois jeunes, qui stigmatisent les bénéficiaires. Ceux-ci peinent, ensuite, à trouver un emploi stable. Le coût du travail, trop élevé, pénalise également leur insertion professionnelle.

E & C : Quelles sont vos pistes de réforme ?

O. G. : Il me semble primordial de mener une lutte efficace contre l'échec scolaire, en personnalisant les apprentissages et en réformant le système d'orientation. L'université doit également devenir plus professionnelle.

Par ailleurs, je suis favorable à l'instauration du contrat unique, qui vise à renforcer progressivement les droits des salariés, afin de faciliter les transitions professionnelles. Même si ce type de mesure est politiquement très difficile à faire passer.

Enfin, il est nécessaire de se pencher sur la question d'une meilleure protection contre la précarité, avec une meilleure indemnisation du chômage et des prestations familiales affectées au jeune plutôt qu'à sa famille.

(1) Editions Armand Colin, 158 pages, 2009. Olivier Galland est également membre de la commission Hirsch.

Articles les plus lus