Vouloir séparer la vie professionnelle de la vie privée est largement utopique. Si le salarié est supposé mettre ses problèmes de côté lorsqu'il se rend à son travail et mobiliser son énergie et son esprit pour le compte de son employeur, cette vision est loin de correspondre à la réalité.

En entreprise, être parent, par exemple, est compliqué : une réunion à 18 h est pénalisante pour qui doit aller récupérer ses enfants ; la maladie d'un enfant contraint à rester à la maison, quelles que soient son implication et l'urgence de ses tâches professionnelles. Sans parler des salariés en horaires décalés qui cumulent nombre de handicaps. Nier l'importance de la vie de famille a longtemps servi à reléguer les femmes dans des emplois subalternes - elles étaient supposées être moins disponibles que les hommes -, voire à ne pas les embaucher du tout par crainte de leurs futures grossesses.

Aujourd'hui, la situation évolue, et quelques employeurs ont compris le parti à tirer en facilitant la vie des familles. Dispensés sous forme de services ou de prestations, certains dispositifs d'aide permettent à l'entreprise de mieux mobiliser son personnel.

Sous la direction d'Ariane Pailhé et d'Anne Solaz, chercheuses à l'Institut national d'études démographiques (Ined), le groupe d'exploitation (démographes, sociologues, économistes) de l'enquête «Familles et employeurs», réalisée en 2005 par l'Ined, présente les interactions positives et négatives entre le travail et le hors-travail. Les auteurs réfléchissent, aussi, sur la manière dont se partagent les tâches domestiques et d'éducation et sur leurs retentissements sur la sphère professionnelle, présentant des figures d'hommes plus impliqués que leurs aînés dans la vie familiale.

Ariane Pailhé et Anne Solaz sont chercheuses à l'Institut national d'études démographiques.