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Les pratiques

Tefal «soigne» ses TMS

Les pratiques | publié le : 12.05.2009 |

Pour lutter contre les troubles musculo- squelettiques des membres supérieurs, Tefal a pris les choses en main de manière scientifique. Les différents axes de travail sont mis en oeuvre progressivement, sans attendre les résultats.

Confrontée de manière chronique aux troubles musculo-squelettiques (TMS), Tefal (groupe Seb) a engagé, en 2004, un travail de recherche-action avec le laboratoire de physiologie de l'exercice (LPE/université de Savoie) et la société Cevres Santé. A Rumilly (Haute-Savoie), 700 salariés sur 2 000 sont, en effet, exposés à ce risque, plaçant Tefal « dans le trio de tête rhônalpin des «pourvoyeurs» de TMS des membres supérieurs », selon Sophie Hennion, médecin du service interne de santé au travail. Des gestes répétitifs à cycles courts sur des postes de travail à la chaîne engendrent des pathologies du poignet (syndrome du canal carpien), du coude (épicondylite) et de l'épaule (tendinopathie de la coiffe des rotateurs). Les postes de montage et d'emballage sont les plus touchés, notamment ceux de contrôle et d'emballage des poêles : la tâche consiste à les vérifier, à les nettoyer, à les placer en fourreau carton, puis en sachet avant de faire une pile d'articles posés en quinconce.

Préventif et curatif

« Un groupe de travail, constitué d'opérateurs, de personnes-ressources du service méthodes, d'un ergonome, d'un intervenant en prévention des risques professionnels et d'un kinésithérapeute biomécanicien, s'est réuni une fois par semaine pendant plusieurs mois », explique le médecin du travail. La démarche élaborée, préventive et curative, comporte sept phases : l'analyse des postes, l'élaboration de recommandations, le choix d'évolutions techniques, la conception du nouveau poste, la pédagogie, l'évaluation et le déploiement.

Une première ligne (trois postes) a été traitée en 2007 : « Le personnel concerné, en attente de changements, s'est fortement mobilisé », se souvient le Dr Hennion. Au terme de cette réflexion commune, le plan de travail est devenu beaucoup plus étroit ; la chaise, jusqu'alors indépendante du poste, s'y est vue accolée ; les mises en sachet et en quinconce ont été automatisées ; et la quantité de gestes a été réduite. « Ce nouveau poste a permis de réintégrer des personnes en arrêt pour TMS depuis de nombreux mois et qui étaient inaptes sur l'ancien », précise Sophie Hennion, pour qui cette démarche d'amélioration doit être permanente.

Validation scientifique

« En matière de TMS, poursuit-elle, on ne peut pas se contenter d'attendre des résultats, tels que la diminution des déclarations, pour agir et déployer. Il existe, en effet, une grande inertie en termes de délais entre l'exposition et l'apparition de la pathologie. C'est tout l'intérêt d'une validation scientifique des critères avant et après (comparatif de la fatigabilité des groupes musculaires sursollicités avant et après la nouvelle conception). Dans notre cas, cette validation par le LPE et Cevres Santé a conforté la prise de décision de la direction de déployer l'action sur une deuxième ligne en 2008 puis sur une troisième, à l'étude. »

Enfin, la crise pourrait, elle aussi, avoir des conséquences aussi inattendues que profitables sur les TMS. Le recours au travail intérimaire ayant quasiment disparu, les changements de secteur sont favorisés. « La rotation aura des effets positifs si la gestuelle varie d'un poste à l'autre. C'est un des axes de prévention, parmi d'autres, que nous étudions », conclut le médecin du travail.