Entre le 1^er juillet 2007 et le 31 décembre 2008, l'Etablissement français du sang (EFS) a recruté 68 travailleurs handicapés (dont 30 CDI et 31 intérim). « Bien que concentré sur 13 établissements, ce résultat traduit un réel effort de recrutement, et nous permet de dépasser l'objectif de 20 recrutements fixé par la première convention. Cependant, 42 départs ont été enregistrés sur la même période, et neutralisent en partie la progression du taux d'emploi de personnes handicapées obtenue par les recrutements », explique Marielle Cardeilhac, responsable de la mission emploi-handicap à l'EFS.

Les recrutements directs de travailleurs handicapés ne sont qu'un des aspects de l'effort de l'EFS. Ces résultats s'expliquent surtout par un travail de fond en termes d'information, de formation des acteurs, de maintien dans l'emploi et de recherche de sous-traitance avec le milieu protégé. En guise d'information, tous les personnels ont été sensibilisés par des articles dans les publications internes régionales et nationales ainsi que sur l'intranet. Ils ont également reçu le texte de l'accord relatif aux personnes en situation de handicap.

La majorité des régions ont inscrit un point sur la politique d'emploi des travailleurs handicapés à l'ordre du jour de leur comité de direction.

Par ailleurs, 60 personnes (DRH, référents régionaux de la mission emploi handicap, et membres des CHSCT, partenaires sociaux) ont suivi un parcours de formation de cinq jours, au siège, entre mars et avril 2008. En complément, 60 salariés «parrains», susceptibles de mener des actions de tutorat et de relayer la mission emploi-handicap sur leur site, venant de tous les métiers de l'EFS, ont été formés entre septembre et octobre 2008. Les 200 managers-recruteurs l'ont été lors des formations spécifiques qui se sont déroulées dans les ETS régionaux en 2008, où d'autres formations sont prévues en 2009.

Sur l'aspect «maintien dans l'emploi», une enquête interne a permis de réaliser une revue des cas de licenciement pour inaptitude et des situations de restrictions d'aptitude. Les solutions mises en place en termes d'aménagement de postes et/ou d'horaires et de reclassement, ainsi que les bonnes pratiques ont été partagées entre les établissements. Dans le même temps, 38 personnes déjà salariées de l'EFS ont fait reconnaître leur qualité de travailleur handicapé.

Enfin, sur le volet «sous-traitance avec le milieu adapté et protégé», une sensibilisation des secrétaires généraux et des acheteurs a été faite avec la direction des affaires juridiques pour expliquer les possibilités ouvertes par l'article 15 du code des marchés publics en matière de sous-traitance avec les Esat (anciens CAT) et les EA (ex-ateliers protégés). « La sous-traitance est un véritable levier pour améliorer notre taux d'emploi, notamment dans les régions dont le turn-over est faible, constate Marielle Cardeilhac. Elle est également un outil pour améliorer l'emploi de travailleurs handicapés aux pathologies plus lourdes embauchés dans des structures protégées. Entre 2005 et 2007, le nombre d'équivalents bénéficiaires obtenus par la sous-traitance a été multiplié par trois, passant de 4 à 11, puis par deux, pour atteindre 23 bénéficiaires en 2008. »

Les projets des années à venir ? Sur la base de ces résultats, l'EFS a renouvelé sa convention avec l'Agefiph au début 2009 (pour 24 mois). L'établissement prévoit un engagement financier de 678 920 euros, assuré à 44 % par l'Agefiph et à 56 % par l'EFS.

Parallèlement, l'EFS a reconduit son accord d'entreprise «miroir» avec l'ensemble de ses partenaires sociaux. Ce dernier vise à assurer l'appropriation en interne de la politique handicap tout en installant un véritable suivi de la convention Agefiph, mais aussi à acquérir l'expertise qui rendra l'EFS autonome dans la perspective d'un accord dérogatoire à l'Agefiph (qui devra être validé par les DDTEFP).

Concernant l'aspect recrutement (surtout des médecins, des infirmières, des techniciens de laboratoire...), l'EFS se donne comme objectif 2009-2010 de recruter au moins 50 travailleurs handicapés, dont 35 CDI et 5 contrats en alternance minimum. « Le solde entre recrutements et départs devra atteindre 30 personnes », estime Marielle Cardeilhac. Pour parvenir à cet objectif, l'EFS Pyrénées Méditerranée, notamment, a signé un partenariat avec le Centre de rééducation et d'insertion professionnelle de Castelnau-le-Lez (près de Montpellier) afin d'accueillir en stage des infirmiers qui pourront être recrutés dans la région et sur le territoire national. « Nous nous pencherons également, dans les prochains mois, sur la question de la gestion de carrière des travailleurs handicapés », assure Marielle Cardeilhac.

Sur le maintien dans l'emploi de travailleurs potentiellement handicapés ou inaptes, l'EFS souhaite monter en expertise. « Cela passe par l'anticipation et la gestion concertée entre les acteurs de ce sujet - médecin du travail, DRH, manager, salarié, membres du CHSCT - de tout problème de santé au travail : apparition ou aggravation d'un handicap », explique Marielle Cardeilhac.

L'aspect sous-traitance avec le milieu protégé sera, lui aussi, favorisé, car l'objectif est de multiplier par deux le recours aux Esat et EA. « La loi de 2005 permet d'assurer jusqu'à 50 % de l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés via cette sous-traitance spécifique, assure Marielle Cardeilhac. Ce qui nous donne un potentiel de 205 équivalents postes sur une obligation d'emploi de 410 personnes. Pour nous, cette sous-traitance peut toucher une multiplicité de fonctions : les appels aux donneurs via le téléphone, l'entretien des espaces verts, l'entretien des blouses, la restauration, le conditionnement-routage, le nettoyage des véhicules... Nos acheteurs et juristes seront formés en 2009 sur cette possibilité de sous-traitance ou de marchés réservés introduite par le code des marchés publics. »

Gérard Tobelem, le nouveau président de l'EFS en poste depuis le 28 avril, compte renforcer cette politique.

La FFP (Fédération de la formation professionnelle) et les cinq organisations syndicales du secteur (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO) ont signé, le 24 mars 2009, un accord de branche « relatif à la politique de développement de l'emploi des personnes handicapées ». Cet accord s'inscrit dans la lignée d'un diagnostic précédemment réalisé sur la présence des travailleurs handicapés dans les organismes de formation privés, qui relevait un taux d'emploi moyen de l'ordre de 2,5 %.

Le diagnostic révélait « une marge de progression du taux d'emploi dans les entreprises soumises à l'obligation, compte tenu, d'une part, de la méconnaissance ou de la sous-utilisation des aides et réseaux adéquats et, d'autre part, de la difficulté majeure à concrétiser une embauche de personnes handicapées, faute de candidats ». A l'inverse, le diagnostic saluait « un effort certain des entreprises de très petite taille ».

Parcours coordonnés

« La branche estime que le développement de l'emploi des personnes handicapées nécessite la mise en place de «parcours coordonnés», d'actions, de relais humains et techniques d'insertion, ainsi que des aides à l'embauche. »

Cette démarche implique « la description des métiers, le repérage des besoins en termes d'emploi, d'embauche » ; « la mise en place de formations pour les futurs collaborateurs aux spécificités des professions du service dans l'environnement des ressources humaines » ; la sensibilisation des recruteurs et « la formation des salariés en vue de faciliter l'intégration des travailleurs handicapés ».

L. G.

• Activité : banque du sang.

• Effectifs : 8700 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 740,2 millions d'euros.

L'Etablissement français du sang (EFS) est un établissement public placé sous la tutelle du ministère chargé de la Santé et créé le 1^er janvier 2000. Il est constitué de services centraux situés à Saint-Denis (93) et de 17 établissements régionaux. Le 12 octobre 2007, l'EFS a signé une convention avec l'Agefiph. Bilan ?

Le taux d'emploi de personnes handicapés de l'EFS est passé à 4 % en 2008, contre 3,4 % en 2007 et 3,3 % en 2006. Deux de ces établissements dépassent même le chiffre légal de 6 % : Bretagne et Réunion ; 187 travailleurs handicapés étaient employés fin 2008, contre 143 en 2007 (hors sous-traitance). La contribution financière à l'Agefiph est, ainsi, passée de 781 000 euros en 2007 à 684 000 euros en 2008 (augmentation dans 5 régions, stabilité dans 3, baisse dans 9).