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Les entreprises doivent agir avant 2010

Enquête | publié le : 12.05.2009 |

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Les entreprises doivent agir avant 2010

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Les entreprises qui, d'ici à la fin 2009, n'auront rien fait en matière d'emploi des personnes handicapées, subiront de sévères sanctions financières en 2010.

C'est la dernière année avant le couperet. Les entreprises et établissements (plus de 20 salariés) qui, fin 2009, n'auront rien fait en matière d'insertion des personnes handicapées au cours des trois années précédentes seront sévèrement sanctionnés financièrement en 2010 : 1 500 Smic horaire pour toute unité travailleur handicapé manquante. Ceux qui auront été actifs, mais sans pour autant atteindre le fameux seuil de 6 % de travailleurs handicapés dans leur effectif resteront pénalisés au tarif de 400 à 600 Smic horaire, selon leur taille, par unité travailleur handicapé manquante.

Certes, les plus cyniques ou les plus malins avancent qu'il est « facile » de s'exonérer de la surpénalité à venir grâce à quelques achats et contrats passés auprès d'entreprises spécifiques dites du «milieu protégé» et employant quasi exclusivement des personnes handicapées. Mais, même cela, il faut le préparer. Aussi, l'Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées (Agefiph), qui reçoit les contributions versées par les entreprises, conseille vivement d'« Agir avant 2010 ! », slogan qu'elle utilise depuis plusieurs mois, en parallèle à une campagne de sensibilisation dans laquelle le comédien Jamel Debbouze met en avant son propre handicap.

700 millions d'euros d'aides

Une multitude d'aides, d'outils et de financements sont à saisir à l'Agefiph (1) qui, déjà, entre 2007 et 2008, a augmenté de 25 % ses engagements. Pour 2009, elle prévoit un budget d'intervention de 700 millions d'euros (dont un plan de soutien face à la crise, élaboré en novembre 2008, de 135 millions sur deux ans). Ne pas profiter de son système d'aides renforcées et étoffées serait dommage.

Le point noir du paysage français sont les 23 000 entreprises qui versent une contribution maximale à l'Agefiph parce qu'elles n'engagent aucune action en faveur de l'emploi des personnes handicapées. Ce sont principalement des PME de 20 à 50 salariés, dépourvues de service RH. En mai 2008, l'Agefiph a lancé une campagne de diagnostic personnalisé auprès de ces entreprises. Bilan ? « 9 200 diagnostics ont été réalisés à ce jour, constate Pierre Blanc, directeur général de l'Agefiph. Ils débouchent davantage sur l'idée de sous-traitance auprès du secteur protégé que sur des embauches directes en CDI ; la sous-traitance, qui peut absorber jusqu'à 50 % de l'effort à accomplir, connaît, ainsi, une véritable montée en puissance. »

Un public peu qualifié

Ce choix de la sous-traitance plutôt que de l'embauche directe ne s'explique pas uniquement par un opportunisme cynique des entreprises. Il s'explique aussi, hélas, par la difficulté à recruter des salariés handicapés (très) qualifiés. Ce public est, en effet, très peu diplômé : il est à 80 % de niveau infra CAP, contre 50 % tous publics confondus. Il est également plutôt âgé : avec 35 % de plus de 50 ans, contre 15 % dans le tout public. Il est également à noter que le handicap frappe après 40 ans : seules 15 % des personnes handicapées le sont de naissance ! La majeure partie des handicaps interviennent surtout chez les salariés d'entreprises manufacturières ou du bâtiment (accidents, maladies), dont l'insertion professionnelle est d'autant plus complexe qu'ils ont peu bénéficié de formation initiale et de formation continue. En conséquence, le taux de chômage des personnes handicapées est le double du taux classique.

« Les actifs sont des handicapés en puissance » est, certes, un slogan anxiogène pour les «valides», mais qui pousse à réfléchir.

(1) < www.agefiph.fr >

L'essentiel

1 La réforme de 2005 a durci les pénalités financières pour les entreprises qui n'auront pris aucune initiative en matière d'insertion des personnes handicapées.

2 Le faible niveau de qualification général de cette population freine leur embauche directe.

3 Le recours à la sous-traitance auprès d'entreprises spécialisées peut absorber jusqu'à 50 % de l'obligation.

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