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Les pratiques

Evian, laboratoire de Danone pour le développement local

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 28.04.2009 |

En 1992, les eaux minérales d'Evian se dotaient d'une structure spécifique destinée à renforcer le tissu économique et social de l'entreprise. En 2009, le groupe Danone entend déployer une démarche similaire à l'échelle mondiale.

Le 23 avril, les actionnaires de Danone ont approuvé la création du fonds consacré au développement et au renforcement de l'écosystème du groupe, dont le principe avait été dévoilé par son Pdg, Franck Riboud, le 3 mars dernier dans le journal Le Monde. Doté d'un montant initial de 100 millions d'euros et alimenté, chaque année, par un abondement représentant 1 % du bénéfice net de Danone, ce nouveau fonds est destiné à financer des actions identifiées par les différentes filiales du groupe, présentes dans 120 pays : programmes de développement de compétences chez les fournisseurs locaux, actions d'insertion professionnelle à proximité des sites industriels ou création d'activités en lien avec les métiers de Danone...

Un projet «laboratoire»

En matière de développement local, l'actuel Pdg du mastodonte de l'agroalimentaire n'en est cependant pas à son coup d'essai. Alors qu'il assume, au début des années 1990, la direction générale de la Société des eaux minérales d'Evian (Saeme) en Haute-Savoie, c'est en effet lui qui met sur pied un service d'un genre nouveau, conçu pour renforcer le tissu économique et social du site d'embouteillage : Itel pour «Implication territoriale dans l'économie locale», un projet, aujourd'hui, volontiers qualifié par Danone de «laboratoire».

Un produit dépendant de son environnement

A une époque où le développement durable n'a pas encore acquis ses lettres de noblesse, Itel doit son existence à la forte implication entre les enjeux économiques et environnementaux de l'entreprise. « Une entreprise comme la nôtre qui met en bouteille de l'eau minérale naturelle est étroitement dépendante de son territoire, résume Boubacar Macalou, responsable d'Itel depuis sa création. Son dynamisme et sa bonne santé sont les gages de notre propre pérennité. » Fortement symbolique, la première action estampillée Itel consiste à créer, dès 1992, avec les communes environnantes, une association visant à protéger l'impluvium - la zone d'infiltration de l'eau de pluie - en promouvant des pratiques d'aménagement territorial et agricoles respectueuses de l'environnement.

Centre de formation

Dès l'origine, Itel se positionne également sur le terrain de la formation, en créant notamment, avec le soutien d'autres entreprises locales, un centre de formation d'apprentis (CFA) dédié aux métiers industriels de type maintenance et plasturgie. La montée en puissance des promotions - de 100 élèves à la rentrée 1993 à 250 un an plus tard - apporte au projet le crédit nécessaire auprès des décideurs locaux. Rapidement, Chablais Léman Développement, l'association créée avec le soutien de Thompson et Bolloré Technologie - les deux autres principaux pourvoyeurs d'emplois industriels de la région - et destinée à fédérer l'action des acteurs économiques et politiques, enregistre des inscriptions par dizaines. « Les trois communes partenaires des origines ont été rejointes par une soixantaine d'autres, souligne Boubacar Macalou. Quant aux entreprises, au nombre de dix en 1992, je n'en connais pas une aujourd'hui qui n'ait pas signé son bulletin d'adhésion. »

Soutien financier

Force de frappe financière et logistique du projet Itel, Chablais Léman Développement est financée à 60 % par les collectivités territoriales et à 40 % par les entreprises. Au travers de «contrats de développement» négociés pour trois ans, l'association bénéficie également du soutien financier du conseil régional Rhône-Alpes, à hauteur de 30 % du coût des projets mis en oeuvre. Depuis 1992, l'association a ainsi accompagné la création de 220 entreprises, créé 300 emplois et accordé 169 prêts d'honneur.

Si elles regrettent les régulières tentatives de récupération du projet Itel à des fins publicitaires, les organisations syndicales de la Saeme lui reconnaissent des réalisations pertinentes, en particulier au regard de l'insertion professionnelle des publics les plus fragiles, jeunes et femmes sans qualification.

Emploi féminin

Depuis 2006, date à laquelle l'entreprise a signé un accord diversité, la Saeme a en effet accentué ses efforts sur la formation des femmes à des métiers traditionnellement occupés par des hommes. « L'emploi féminin constituait une réelle difficulté dans la région, alors que nombre d'entreprises industrielles connaissaient des pénuries dans certains métiers », explique Boubacar Macalou. En 2008, 28 opératrices du secteur Embouteillage et conditionnement de l'usine d'Amphion ont ainsi obtenu une certification Conduite d'installation et de machines automatisées (Cima), de niveau baccalauréat. Au total, une cinquantaine de salariées de l'entreprise devraient ainsi être diplômées d'ici à 2010.

Cette année, la Saeme a notamment décidé de soutenir la création ou le développement d'activités liées au développement durable. En parallèle, elle travaille sur un projet de chantier d'insertion par le maraîchage biologique sur le modèle des Jardins de Cocagne.