Le chômage est un sujet de préoccupation des individus comme des politiques depuis la seconde moitié des années 1970. En France, ses chiffres mensuels sont suivis avec d'autant plus d'attention que le pays a longtemps fait figure de mauvais élève comparé à nombre de ses voisins européens.

Selon Jérôme Gautié, professeur d'économie à l'université de Paris-1, le chômage est peut-être, néanmoins, une question qui demande à être dépassée au profit du concept de «taux d'emploi», et cela pour plusieurs raisons. D'une part, parce que la frontière entre inactivité et chômage est assez floue pour un grand nombre de personnes ; d'autre part, parce que la priorité dans un contexte de vieillissement de la population étant d'équilibrer les comptes des systèmes financiers de protection sociale, l'objectif est de baisser non seulement le nombre de chômeurs, mais, à terme, celui des inactifs.

Par ailleurs, l'apparition de travailleurs pauvres et la détérioration des conditions d'emploi requièrent de prendre en compte la notion de travail «inadéquat» plutôt que de s'en tenir à celle, plus limitative, de chômage. Cette inadéquation peut résulter d'un usage inadapté des compétences professionnelles, d'un nombre d'heures de travail insuffisant ou excessif, d'horaires variables arbitraires, de salaires insuffisants, de la précarité de l'emploi, etc. Selon cette version extensive de l'inadéquation, l'«emploi inadéquat» pourrait concerner 41 % de la population, ce qui, évidemment, relativise largement les quelque pas tout à fait 10 % de chômeurs que peut compter la nation. P. R.