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Les pratiques

Suisse Soupçons de travail des enfants chez les fournisseurs des chocolatiers

Les pratiques | publié le : 21.04.2009 |

Une ONG attaque les prestigieuses marques helvétiques de chocolat sur les conditions de récolte de leur cacao en Afrique.

L'image de marque de Nestlé, Lindt et des autres en prend un coup en cette période de Pâques. L'ONG Déclaration de Berne (DB) mène, depuis mars, une campagne critique envers les chocolatiers suisses, qu'elle accuse de ne pas prendre à bras-le-corps le « scandale » des enfants soumis à travail « forcé » pour la récolte du cacao en Afrique de l'Ouest, leur principale région d'approvisionnement. Selon l'organisation, qui milite pour de nouvelles relations Nord-Sud, le phénomène toucherait 250 000 enfants, principalement en Côte-d'Ivoire et au Ghana : exposition aux pesticides, port de charges lourdes, privation totale ou partielle de scolarité, voire esclavagisme pour 15 000 d'entre eux.

Une pétition invite les Suisses à exiger de leurs chocolatiers préférés un produit garanti socialement responsable. DB s'estime satisfaite des 8 000 signatures récoltées à ce jour. Elle ne reproche pas un total immobilisme, mais une réponse inappropriée. « Les actions philanthropiques ne s'attaquent pas au coeur du sujet, sans cesse repoussé : l'abolition des pires formes de travail des enfants grâce à un prix correct payé au producteur, énonce Andrea Hüsser, responsable de la campagne. Les marques ne sont pas transparentes sur la RSE. Elles nous déclarent l'appliquer, mais n'ont pas répondu à nos demandes de précisions. » L'ONG n'a, en effet, recueilli que le silence ou des réponses évasives des 18 producteurs suisses à son récent questionnaire détaillé sur l'équité de la chaîne de production.

Actions de long terme

Face à l'offensive, les fabricants répondent : actions de terrain et de long terme. « La problématique nous est connue depuis fin 2000 et nous y travaillons ; mais il serait illusoire de vouloir la régler depuis la Suisse, expose Franz Schmid, directeur de Chocosuisse, leur fédération professionnelle. C'est pourquoi nous menons, actuellement, un projet pilote pour la production socialement responsable de cacao en Afrique de l'Ouest. La formation est la meilleure arme contre la pauvreté. Mais que des enfants aident dans les plantations appartient aux traditions, nous ne pouvons y faire obstacle depuis nos bureaux. »

Financement de microprojets

Outre des initiatives en solo, les plus gros se rangent sous la bannière d'International Cocoa Initiative (ICI) à Genève. Cette fondation, financée par l'industrie chocolatière mondiale, a investi 4 millions d'euros dans une succession de microprojets depuis sa création, en 2002. Prolixe en communication, elle annonce avoir touché 259 communautés de Côte-d'Ivoire et du Ghana, soit 835 000 personnes, dont une sur cinq a été directement sensibilisée au travail des enfants ; construit ou rénové 85 écoles au bénéfice de 10 000 enfants ; formé 1 300 membres des forces de l'ordre et responsables locaux à la lutte contre la traite, etc. Son credo : « Ne pas imposer d'en haut, mais travailler avec des ONG locales, faire porter les projets par les communautés elles-mêmes pour la diffusion progressive des bonnes pratiques afin d'éliminer les formes extrêmes de travail. »

En attendant, DB a fait fabriquer 2 200 lapins en chocolat certifié équitable et biologique pour Pâques, afin d'offrir une « alternative aux consommateurs suisses ».