Au cours de ces vingt dernières années, on a pu constater que ce sont les jeunes et les seniors qui souffrent le plus de la hausse du chômage. Il est probable que la crise actuelle renforcera encore ce phénomène dans un contexte où, par ailleurs, les chômeurs de plus de 57 ans ne seront plus dispensés de recherche d'emploi.

Tout se passe, dans l'entreprise, comme si l'on était jugé trop jeune avant 25-30 ans pour avoir de l'expérience et donc de la compétence, et trop vieux dès 45 ans pour adapter ses compétences. Dans certaines entreprises, 40 ans paraît déjà un âge avancé ou, en tout cas, ne semble pas le meilleur pour postuler. Cette peau de chagrin de la vie active n'est pas sans poser problème tant aux individus, mis à l'écart, qu'à la collectivité qui, dans un contexte de vieillissement de la population, doit tout faire pour alléger le poids des inactifs sur les dépenses publiques.

Gérard Regnault, expert en GRH, tente de voir, au-delà des données chiffrées, sur quels stéréotypes se construit cette discrimination. En contrepoint des préjugés qu'il dénonce, il a également interrogé des jeunes et des cadres pour comprendre le regard que les intéressés portent sur l'entreprise. S'il ne fait aucun doute, pour lui, que les droits de celle-ci à faire du profit sont bien établis, il considère également nécessaire d'identifier les devoirs de l'entreprise vis-à-vis des salariés. La lutte contre la discrimination par l'âge, comme la lutte pour la diversité, fait partie de la responsabilité sociale de l'entreprise.

Gérard Regnault est expert en gestion des ressources humaines et en sociologie des entreprises.