Les jeunes Français ne croient plus en leur avenir. Désaffection pour la vie scolaire, politique, associative, professionnelle... Même si l'accès aux diplômes et aux positions sociales de niveaux moyen ou moyen supérieur s'est démocratisé, ce mouvement a contribué, pour une part, à durcir la compétition qui rend plus incertaines les trajectoires individuelles.

Selon l'auteur, sociologue et directeur de recherche au CNRS, les jeunes ont peur, en effet. La société française ne parvenant pas à leur donner confiance ni foi en eux, durant leurs années d'étude. Le modèle scolaire français, au nom du fameux élitisme républicain, consiste à trier les vainqueurs et les vaincus. L'orientation scolaire se fonde sur des mécanismes d'élimination progressive et non sur des choix en fonction des capacités ou des goûts, laminant, ainsi, l'estime de soi de ceux qui ne sont pas sortis vainqueurs de la compétition. Le sentiment d'appartenance à une collectivité est également mis à mal, la réussité étant présentée comme le résultat d'une lutte individuelle.

Cette psychologisation de l'orientation se combine à une méconnaissance du marché de l'emploi et au défaut d'information sur les filières professionnelles et les métiers. Pour la majorité des jeunes, la façon d'entrer dans la vie active ne se décide plus immédiatement après les études. Un certain nombre de premières expériences professionnelles tâtonnantes, parfois longues, sont nécessaires avant d'accéder à l'emploi. Mais les pouvoirs publics en France, contrairement à ceux des pays nordiques, n'ont toujours pas pris acte de la nécessité de soutenir les jeunes pendant cette période difficile.