Bombardier Transport ne connaît pas la crise. Son site de Crespin (Valenciennes) tourne à plein régime pour livrer le nouveau Francilien (172 rames programmées jusqu'en 2015), dont la première mise en service est attendue en décembre 2009.

Pour ce chantier, remporté en 2006, comme pour ses nouvelles commandes en Italie, en Roumanie et en Russie, le constructeur a recruté massivement. « Sur ces deux dernières années, nous avons embauché 360 personnes en CDI et 250 intérimaires », relate le DRH, Jean-Michel Rémy. L'effectif s'élève, aujourd'hui, à 2 100 salariés, intérimaires compris. Le service RH a pris en charge le recrutement de 212 cadres, avec l'appui de la plate-forme de sourcing du groupe, installée à Bruxelles, ainsi que de quelques cabinets de recrutement. Mais il a lancé un appel d'offres pour trouver, en dix-huit mois, près de 400 salariés de production, sur des emplois d'ouvrier et d'Etam.

C'est le prestataire RH Facilities (groupe Adecco) qui a été retenu. Trois consultants, psychologues du travail, ont été affectés à temps plein sur le site. Leur mission : constituer un sourcing et établir des relations avec les différents acteurs locaux de l'emploi, puis mener les entretiens de sélection. Ils ont rencontré plus de 1 000 personnes, selon le DRH. Parmi elles, 148 ont décroché un CDI et 250, une mission d'intérim d'au moins six mois. « Nous nous sommes quasiment substitués au service recrutement », commente Yann Masson, directeur des opérations de RH Facilities. Pour s'y préparer, les consultants ont participé aux réunions hebdomadaires du service RH et des directeurs de production.

Quant aux candidats, ils ont affronté trois niveaux de sélection. « Le passage obligé était de réussir des tests d'habileté, soit ceux de l'ANPE, soit ceux des entreprises de travail temporaire ou des missions locales », avertit le prestataire. Passé ce filtre, ils ont été reçus par RH Facilities pour effectuer des tests d'aptitude cognitive, servant, notamment, à mesurer la compréhension écrite et le raisonnement numérique. « Nous avons également réalisé une évaluation de leur personnalité, avec des questionnaires de centres d'intérêt. » Restait l'entretien final, avec un membre de Bombardier.

Les recrutements ont été lissés dans le temps. Près de 60 personnes ont été engagées en contrat de professionnalisation ou d'apprentissage. Au final, Jean-Michel Rémy n'a observé que six ruptures de contrat. Autre effet positif, selon lui : le «transfert de compétences» vers ses propres recruteurs, « qui n'avaient jamais eu recours à de tels tests ». L'entreprise continue, seule, à embaucher. Mais autrement.