La médecine du travail vient de fêter ses 60 ans et nombreux, salariés comme patrons, se demandent encore à quoi elle sert. La traditionnelle visite épisodique paraît souvent de pure forme au salarié, tandis que le chef d'entreprise a tendance à penser que la cotisation de sa société à un service de santé coûte trop cher.

Au-delà des enjeux individuels, la santé au travail est un enjeu de société qui pose des questions de santé publique et de sécurité environnementale. La médecine du travail a contribué à la diminution de certaines maladies professionnelles ainsi que du nombre et de la gravité des accidents du travail. A mesure que certains risques professionnels sont mieux connus (amiante, TMS, dépression, risques cardio-vasculaires...) et que l'exigence globale de santé en France progresse, la médecine du travail, partenaire de tous les acteurs de l'entreprise, a un rôle de plus en plus important à jouer, notamment concernant les risques psycho-sociaux.

Si la montée des problèmes liés au stress n'a pas toujours une origine professionnelle, quand, dans une même entreprise, ses manifestations se multiplient, il est de la responsabilité du médecin du travail d'alerter le chef d'entreprise et le CHSCT.

A une époque où l'individualisme augmente, il appartient paradoxalement au médecin du travail, par une connaissance approfondie des situations individuelles, de faire entendre la dimension collective et de permettre, ainsi, une intervention en amont au plan de la prévention. Malgré des contraintes immédiates plus importantes, l'entreprise, généralement, y gagne sur la durée.

Marielle Dumortier est médecin du travail depuis plus de vingt ans.