E & C : Les entreprises que Mercer a interrogées pour sa dernière enquête sur l'épargne retraite* restent très mobilisées sur le sujet. Cela vous surprend-il ?

D. C. : En France, l'épargne retraite collective est coincée entre un premier pilier - le régime général - et un troisième pilier - les régimes individuels et, notamment, l'assurance vie - très puissants. Elle a donc peu d'espace pour se développer.

Et pourtant, les entreprises estiment majoritairement qu'elles ont un rôle à jouer en matière d'épargne retraite : 87 % d'entre elles considèrent qu'à l'horizon 2020, le taux de remplacement aura baissé d'au moins 10 %. La quasi-totalité d'entre elles (95 %) estiment qu'elles doivent en tenir compte.

E & C : Pourquoi les entreprises se sentent-elles autant concernées ?

D. C. : Les entreprises se sentent mises à l'épreuve sur la question de la transition emploi-retraite. Au point que la question du taux de remplacement leur semble secondaire. La gestion sociale de l'emploi des seniors et du passage à la retraite les préoccupe beaucoup plus. De ce point de vue, le succès d'un outil tel que le Perco, qui permet au salarié de se constituer une épargne de précaution, est tout à fait logique. Entre l'article 83 et le Perco, le PERE, lui, a du mal à trouver sa place.

Mais je ne serais pas étonné de voir apparaître de nouveaux produits d'épargne retraite collective apportant une solution individualisée à la transition emploi-retraite. La crise pourrait bien accélérer le processus, car je doute que les efforts annoncés en faveur de l'allongement des carrières portent leurs fruits. Or, le système des préretraites a disparu. Il va bien falloir trouver d'autres solutions...