Où en est le e-learning ? A en croire les prestataires de formation utilisant cette modalité pédagogique, et rencontrés lors des deux derniers salons traitant du sujet (I-learn en janvier et SRH en mars), le e-learning connaît un bon développement. Et, pour étoffer cet avis général, ils avancent les variations de leur chiffre d'affaires. X-PERTeam : 2,2 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2008, soit une augmentation de 15 %. Knowmore : 2 millions d'euros en 2008, soit +20 % par rapport à 2007, après une phase de croissance de 30 % chaque année entre 2004 et 2007. Crossknowledge : +50 % de chiffre d'affaires entre 2007 et 2008. E-doceo : 4,2 millions d'euros à juin 2008, soit une croissance de 100 % sur l'ensemble des prestations du groupe. Cegos : 5 millions d'euros en 2008, avec une croissance de 60 % !

Jacques Bahry, président du Forum français pour la formation ouverte et à distance (Fffod), confirme la tendance : « Pratiquement toutes les actions importantes intra-entreprise, sur de gros effectifs, expriment un désir d'individualisation. Ce désir trouve de plus en plus de réponses via le e-learning et, plus généralement, via les formations ouvertes et à distance. Cette tendance est renforcée par l'ambiance de crise actuelle. En effet, depuis plusieurs mois, j'entends des responsables formation de grands groupes ou de grandes entreprises prévoir une baisse de 20 % de leur budget formation en 2009. Leur souci est clairement de «sucrer les frais connexes» : coût de déplacement, logistique... Cela ne peut avoir qu'un effet positif sur le développement du e-learning et des formations ouvertes et à distance. »

Les entreprises qui témoignent dans ce dossier n'en doutent pas non plus : le recours au e-learning et, surtout, à un mélange de formules pédagogiques va dans le sens de l'histoire et répond à l'évolution des goûts des salariés apprenants.

Une étude réalisée (2) par la Cegos (Entreprise & Carrières, n° 920), auprès de salariés d'entreprises de plus de 1 000 personnes, le montrait d'ailleurs bien en septembre 2008. Selon celle-ci, le nombre des salariés ayant pratiqué le e-learning est resté quasi stable entre 2007 et 2008 (respectivement 37 % et 34 %). Mais le taux de satisfaction a, lui, nettement augmenté : de 10 points pour le e-learning seul (pour atteindre un total de 66 % en 2008) ; et de 12 points pour les formations mixant les formules pédagogiques (e-learning, cours en salle, tutorat...), pour culminer à 82 % de satisfaits au total ! Au final, plus de la moitié de ces salariés de grandes entreprises souhaitaient que les formations e-learning ou «mixtes» se développent.

Evidemment, en changeant de taille d'entreprise, la réalité change aussi. Selon une autre étude (Entreprise & Carrières, n° 922), réalisée par Le Préau-Ofem-CCI de Paris en septembre 2008 (2) auprès d'entreprises de plus de 50 salariés : à peine 12 % d'entre elles déclaraient avoir financé des formations e-learning en 2007. Plus précisément : 21,4 % de celles comptant de 500 à 999 salariés ; 31,2 % de celles dont les effectifs étaient supérieurs à 1 000 ; mais à peine 10 % de celles ayant moins de 100 salariés. Un point très positif ressortait cependant de tous les avis : 55 % des entreprises qui pratiquaient le e-learning estimaient que celui-ci pouvait s'appliquer à tous les domaines de formation.

La crise actuelle favorise le recours à la formation par le biais de plus en plus fréquent d'alternance chômage partiel/formation (lire page 14). Peut-être sera-t-elle positive pour le développement du e-learning dans les plus petites entreprises ?