logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

« L'ANI du 7 janvier 2009 sur la formation professionnelle est positif pour le e-learning »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 31.03.2009 |

Image

« L'ANI du 7 janvier 2009 sur la formation professionnelle est positif pour le e-learning »

Crédit photo

E & C : Le cadre réglementaire actuel favorise-t-il le développement du e-learning ?

J. B. : Oui. Du point de vue légal, il n'y a plus de problème d'imputabilité des actions de e-learning, ou de formation ouverte et à distance, pour le plan de formation, depuis la circulaire de 2001. Mieux encore : ces règles d'imputabilité ont été renforcées par le dernier accord national interprofessionnel du 7 janvier 2009, qui propose, désormais, de rendre imputables les dépenses de conception d'outils et d'ingénierie de formation. Une précision, néanmoins : ne sont imputables que les formations ayant un début, une fin et un déroulement spécifié dans un programme pédagogique, acté par une convention. L'autoformation «sauvage» ne peut être imputée.

En revanche, reste un problème d'imputation dans le cas des contrats d'apprentissage, pour lesquels est encore expressément fait référence à «la formation par correspondance», donc à une notion de transfert de papier, et non à un transfert numérique par réseau. Le Fffod a alerté la DGEFP sur ce point et demande un alignement des concepts et des pratiques.

J'ajouterai aussi que la création du bilan d'étape à mi-carrière, avancée par l'ANI de 2009, est également un ferment possible de recours aux nouvelles technologies.

E & C : Constatez-vous, de fait, un développement du recours à ce type de modalité pédagogique ?

J. B. : Oui, de plus en plus. Quasiment toutes les grosses actions intra-entreprise, sur des effectifs très importants, expriment un désir d'individualisation qui trouve des solutions via la formation ouverte et à distance et le e-learning. C'est évidemment renforcé avec le contexte de crise actuel. Cela dit, l'optique n'est pas forcément de remplacer purement et simplement le présentiel, mais de l'améliorer par le recours à ces autres modalités pédagogiques. De ce fait, c'est plus sain, et cela ne relève plus d'un effet de mode.

E & C : Des freins pédagogiques subsistent-ils néanmoins ?

J. B. : Bien sûr, mais ils évoluent. Ainsi, certains formateurs restent encore un peu frileux, mais non pas de peur de perdre leur travail - cette phobie est finie -, mais de peur que ça ne marche pas : mauvais contenu, problème de connexion, de contrôle... Il est vrai que, avec le e-learning, il ne peut pas y avoir de rattrapage à chaud en séance par la qualité et l'à-propos du formateur, qui, par définition, n'est plus en face-à-face.

Le e-learning nécessite donc de vérifier encore davantage le profil de l'apprenant avant de l'engager dans le processus. C'est vital, car il n'y a pas de repêchage par l'oral !

Cette notion est importante à avoir en tête, car certains formateurs ont pensé trop rapidement que le recours à la Foad était banalisé et qu'ils pouvaient y recourir avec les mêmes ressorts pédagogiques que dans le face-à-face classique. Ce n'est pas possible : il faut penser autrement le déroulé pédagogique et les interactions. Il s'agit tout de même d'un professionnalisme plus poussé que celui du formateur seul en face-à-face pédagogique.

E & C : Existe-t-il des freins financiers ?

J. B. : Oui, et ce sont peut être les obstacles majeurs. Je note un paradoxe entre la position des partenaires sociaux signataires de l'ANI de janvier 2009, qui facilitent le recours au e-learning, et la réalité des pratiques des mandataires de ces mêmes partenaires sociaux gestionnaires des Opca et des Fongecif : ils sont encore très réticents à engager ces outils de financement dans le développement des formations ouvertes et à distance. Par peur injustifiée des contrôles, par manque de confiance dans cette modalité pédagogique : c'est dommage.