Le chômage, la précarité et le stress professionnel sont devenus l'horizon de millions de citoyens de l'Hexagone. La souffrance sociale liée à l'emploi ou à l'absence d'emploi est, en ce sens, largement partagée, faisant du travail un point central de l'organisation de la société. Et cette souffrance est encore accentuée par la disparition de certaines formes de solidarité, par la montée de l'individualisme dans l'entreprise, qui rend chaque personne responsable de la gestion de son «capital», économique et génétique, qu'il lui appartient, finalement, de faire fructifier. A ses risques et périls si elle n'y parvient pas.

Le modèle de l'entreprise s'est imposé à toute la société, régi par l'arbitraire et le culte de la rentabilité à court terme. Le marché économique, quant à lui, n'est plus fondé sur l'échange de biens, mais sur la mise en concurrence, des biens comme des individus. La compétition à laquelle ceux-ci doivent se livrer les isole toujours plus. Alors que les psychiatres soignaient autrefois les «fous», ils interviennent essentiellement, aujourd'hui, auprès des victimes du travail : dépressifs, placardisés, stigmatisés, méprisés, surmenés...

Patrick Coupechoux, journaliste, a mené une enquête de terrain auprès de ces nombreux patients, cadres de multinationales ou ouvriers de l'habillement, mais aussi auprès de ceux qui les soignent. Une démarche saluée par Christophe Dejours, spécialiste réputé de la psychiatrie au travail, qui signe la préface de cet ouvrage.

Patrick Coupechoux est journaliste, spécialiste de la psychiatrie.