Le 17 mars, Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi, a déclaré souhaiter « doubler le nombre de tuteurs seniors - salariés âgés de plus de 45 ans - en entreprise d'ici à 2010 ». Pourquoi ? Parce qu'il faut « chasser les vieux démons qui consistent à se débarrasser des seniors en imaginant qu'ils laisseront leur place à des jeunes » ; qu'il est « urgent de remédier au massacre qui pèse ainsi sur l'emploi des seniors dans notre pays depuis vingt ans », et que le tutorat est « un levier qui peut permettre aux seniors de rester dans l'entreprise ».

Pour y arriver, Laurent Wauquiez avance quatre initiatives. Premièrement : « Relever de 50 % le plafond de remboursement par les Opca de l'ensemble des dépenses liées à la fonction tutorale pour les contrats de professionnalisation. » Actuellement, ce financement (rémunérations chargées, frais de transport), dans le cadre de ces contrats, jeunes et adultes, s'effectue dans la limite de 230 euros par mois et par bénéficiaire, pour une durée maximale de six mois. Laurent Wauquiez propose qu'un décret simple porte à 345 euros par mois ce plafond, soit « un tiers du Smic net ».

La deuxième disposition financière proposée consiste à discuter avec les partenaires sociaux de la possibilité d'« imputer sur le plan de formation les dépenses de formation des tuteurs ». La troisième vise à faire du tutorat senior un objet de négociation collective de branche et d'entreprise (dans le cadre de la GPEC) tous les trois ans.

Enfin, dernière initiative : lancer prochainement une « grande campagne de communication » sur ce sujet, à destination des entreprises et des branches.

C'est à l'occasion de la présentation officielle d'un rapport sur le tutorat par les seniors - réalisé par Bernard Masingue, directeur de formation chez Veolia Environnement, et intitulé «Seniors tuteurs : comment faire mieux ?» - que le secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi a fait ces propositions. Or, ce rapport pointe, justement, que la transformation de salariés seniors en tuteurs ne va pas de soi.

Bernard Masingue constate que, « globalement, hormis dans le secteur du BTP, la fonction de tuteur est assez peu exercée par les seniors. Les tuteurs sont, généralement, plutôt des salariés de la tranche d'âge 35-45 ans ». Il met, ainsi, en avant une double «fausse évidence» : dans la liaison senior/tuteur et dans la liaison ancienneté/expérience.

Comment avancer sur ce sujet ? En inscrivant le tutorat senior dans une démarche qualité (lire encadré p. 4) : organiser le tutorat en amont (sélection, formation...) ; en encadrer la pratique (différents tutorats par type d'objectifs, généralisation du groupe tutoral...) ; et, enfin, le reconnaître (titre, prime, valorisation...).

« Quelle meilleure banalisation des seniors tuteurs que d'avoir été, en fait, tuteurs tout au long de la vie ? ». Telle est la conclusion de Bernard Masingue, directeur de formation chez Veolia Environnement, et auteur du rapport intitulé Seniors tuteurs : comment faire mieux ? D'où les points majeurs de son travail : > reconnaître l'existence de plusieurs enjeux de tutorat : de reproduction, de professionnalisation, d'adaptation, de stratégie d'action et d'héritage ; > développer une démarche qualité tutorale : sélectionner pour chaque tutorat les salariés seniors ad hoc, les former, les suivre (définition d'un temps tutoral, guide du tuteur...) et les valoriser (lettre des tuteurs, récompenses symboliques ou pécuniaires, inscrire un titre de «tuteur confirmé» dans le Code du travail...).