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Enquête

« Le chômage partiel en dernier ressort »

Enquête | publié le : 24.03.2009 |

Le site de Calais du groupe de chimie Huntsman Tioxide fabrique du dioxyde de titane, utilisé notamment comme pigment pour les peintures dans l'industrie automobile. Les difficultés des constructeurs ont entraîné une chute de l'activité du site, qui tourne à 50 % de sa capacité normale. « L'usine comme le groupe perdent de l'argent, ce qui nous oblige à réduire nos coûts, déclare Marie-France Dubois, DRH d'Huntsman Tioxide. Jusqu'à fin février, nous avons pu éviter le chômage partiel en actionnant différents leviers, notre priorité étant de préserver le pouvoir d'achat et l'emploi de nos collaborateurs. »

Gel des embauches

Alors que l'entreprise avait beaucoup recruté en 2008, les embauches sont gelées depuis le mois de novembre dernier, et une quinzaine de postes devenus vacants à la suite de départs à la retraite n'ont pas été remplacés. Depuis le mois de décembre, l'usine a cessé de recourir à des intérimaires et ne prend plus de stagiaires. « Pour passer ce cap difficile, nous misons également sur la prise de récupérations, et avons négocié un déblocage de certains comptes épargne temps (CET) avec les partenaires sociaux », explique Marie-France Dubois.

En outre, la direction prévoit d'arrêter la production entre mi-juin et début août et va demander au personnel de prendre quatre semaines de congés payés pendant cette période.

Pas de départs volontaires

« En dernier ressort, nous pourrions recourir au chômage partiel si la situation se dégradait encore », déclare la DRH. Elle ne se sent pas concernée par le projet du gouvernement d'améliorer son indemnisation, de 60 % à 75 % du salaire, la convention collective de la chimie l'ayant déjà portée à ce niveau.

« Nous n'envisageons pas de plan de départs volontaires pour le moment », déclare-t-elle. Toutefois, l'accord GPEC en cours de finalisation prévoit un volet sur la mobilité externe.

Côté rémunérations, les augmentations de salaires seront gelées en 2009 pour toutes les catégories de personnel, à Calais comme dans le groupe. L'accord d'intéressement, pour 2009, a été renégocié en alignant ses critères sur les objectifs de l'entreprise pour cette année, et plafonné à 1,5 % de la masse salariale, contre 3 % les années précédentes. L'entreprise ne faisant pas de bénéfices, les salariés n'obtiendront pas de participation.

Téléconférences contre déplacements

Afin de réaliser des économies, les cadres et les dirigeants doivent réduire leurs déplacements aériens au profit des téléconférences. Les formations « dénuées d'utilité immédiate, à l'instar du développement personnel », sont stoppées. En revanche, celles consacrées à l'hygiène et à la sécurité, indispensables pour une entreprise chimique, sont maintenues.

Par ailleurs, l'entreprise attend une réponse des pouvoirs publics (mairies et préfectures) à qui elle a demandé un allègement de ses cotisations AT-MP ainsi que de la taxe professionnelle.

Bien sûr, les relations sociales subissent le contrecoup de ces difficultés, d'autant que la région compte beaucoup de chômeurs. « Salariés et syndicats sont inquiets, admet Marie-France Dubois. Ils attendent des réponses claires, que nous ne pouvons malheureusement pas fournir, car nous sommes dépendants de la situation économique mondiale. »

Dialogue social

« Dans cette conjoncture difficile, nous misons sur une communication interne régulière, que ce soit par le biais de l'intranet ou bien de réunions mensuelles du personnel. Nous privilégions également un dialogue social basé sur la transparence. Et, pour maintenir la motivation des salariés, nous leur expliquons en quoi leur travail est important pour la pérennité du site », déclare la DRH.

F. B.

HUNTSMAN TIOXIDE

• Activité : fabrication de pigments, notamment pour l'automobile.

• Effectifs du site de Calais : 270 salariés.

• Contexte : baisse de l'activité de 50 %.