logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

Allemagne La crise calme le conflit entre Porsche et les salariés de Volkswagen

Les pratiques | publié le : 17.03.2009 |

Depuis le début de la crise, les comités d'entreprise de Porsche et de Volkswagen ont mis un terme à leur conflit sur la représentation des salariés de VW dans la Porsche Automobil Holding SE.

La crise financière mondiale aura eu au moins un effet positif. Les comités d'entreprise de Porsche et de Volkswagen, qui se disputaient depuis plus d'un an et demi sur la représentation des salariés de VW dans la Porsche Automobil Holding SE (lire Entreprise & Carrières nº 912), ont décidé d'enterrer la hache de guerre. Après avoir reporté un procès en appel qui devait débuter le 19 décembre 2008 au tribunal du travail du Land de Bade-Wurtemberg, les deux parties négocient depuis lors un nouvel accord sur la cogestion dans la Porsche Holding SE. Une décision est attendue sous peu.

Selon Bernd Osterloh, président du CE de VW, l'accord actuel, négocié en juin 2007, uniquement entre la direction de Porsche et son comité d'entreprise, désavantageait fortement les salariés de VW. Il stipule en effet que les salariés de VW disposeront, une fois la prise de contrôle de Volkswagen par Porsche achevée, d'autant de sièges que ceux de Porsche au sein du conseil de surveillance de la nouvelle SE, alors que VW emploie quelque 360 000 salariés dans le monde et Porsche seulement 11 700. Autre injustice, selon Volkswagen : d'une durée de dix ans, l'accord ne peut être révisé qu'avec l'aval des deux tiers des représentants des salariés de VW et des deux tiers de ceux de Porsche au sein du CE de la SE. « Ce qui signifie de facto que les représentants des 11 700 salariés de Porsche disposeront d'un droit de veto illimité », s'était ému Bernd Osterloh.

Reconciliation

Depuis le début de la crise, le ton a changé. « Bernd Osterloh et moi, nous nous sommes promis de nous mettre d'accord dans l'intérêt de VW et de Porsche. Face à la crise qui nous menace, nous ne pouvons pas nous permettre de nous disputer », a déclaré, en décembre dernier, Uwe Hück, ancien chef du CE de Porsche et membre du syndicat IG-Metall, tout comme son collègue de VW. Premier signe tangible de cette réconciliation : Bernd Osterloh a été élu à l'unanimité président du CE de la Porsche Holding SE, lors de sa séance constitutive, et Uwe Hück, vice-président. Les deux hommes ont également été nommés, début février, membres du conseil de surveillance de la société européenne.

Deuxième conséquence positive de la crise pour le syndicat IG-Metall : depuis que les partis politiques débattent de l'opportunité pour l'Etat fédéral et les Länder de sauver le constructeur automobile Opel d'une faillite éventuelle en prenant une participation dans son capital, les critiques envers la fameuse « loi Volkswagen » ont perdu de leur intensité. La loi VW, qui a été remaniée par le gouvernement allemand après sa condamnation, en octobre 2007, par la Cour de justice des Communautés européennes, est même présentée par de nombreux sociaux-démocrates et par le chef conservateur du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie Jürgen Rüttgers, comme un « modèle » à suivre pour Opel.

Minorité de blocage

La nouvelle loi VW maintient la minorité de blocage du Land de Basse-Saxe, deuxième actionnaire de VW avec 20 % du capital, et empêche toute délocalisation de sites sans l'accord des salariés. « Je ne sais pas si la loi VW est un bon modèle pour Opel, mais elle l'est assurément pour VW, comme le montre la crise actuelle. En période de crise, l'existence d'un gros actionnaire digne de confiance et soucieux des emplois est plus importante que jamais », souligne un responsable d'IG-Metall ne désirant pas être cité.

Devant la justice européenne

Le 12 septembre dernier, l'IG-Metall avait organisé une manifestation géante avec 300 000 salariés pour exiger le maintien de la loi VW. Son avenir demeure pourtant incertain. La Commission européenne a réitéré en janvier sa volonté de renvoyer à nouveau l'Allemagne devant la justice européenne. Et Porsche, qui entend porter dès que possible sa participation à 75 % du capital de VW, est toujours aussi décidé à obtenir sa suppression.