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Mesures d'urgence pour série noire

L'actualité | publié le : 17.03.2009 |

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Mesures d'urgence pour série noire

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Prise en charge d'une partie de l'indemnisation du chômage partiel, possibilité de report du paiement des cotisations sociales... Face à la dégradation de la conjoncture, l'Unedic et l'Acoss viennent à la rescousse des entreprises pour limiter la casse.

Le plan de relance est-il suffisant pour contrer l'épidémie galopante de licenciements ? 200 000 à 300 000 emplois pourraient ainsi être sauvés en 2009, selon les premières estimations de Laurent Wauquiez, le secrétaire d'Etat à l'Emploi.

Protestations

Mais, sur le terrain, la série noire continue. L'usine Continental, le fabricant de pneumatiques, fermera son site de Clairvoix (60) probablement en mars 2010 ; 1 120 emplois vont disparaître. Total a confirmé, de son côté, la suppression de 550 emplois pour la période 2011-2013 alors que l'entreprise vient d'annoncer 14 millions de profits au titre de l'exercice 2008. Le tir groupé de protestations à l'encontre du géant industriel ne modifiera pas la donne. Restructuration « scandaleuse », selon Laurent Wauquiez, « malvenue », pour Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement... Qu'importe ! Le groupe défend son plan, avec un premier argument social : il ne débouchera sur aucun licenciement sec.

Tous secteurs confondus

Le marasme touche un nombre croissant de branches. Textile, papeterie, chimie, sidérurgie, électronique... Rares sont les secteurs qui échappent à la vague de fond. Manitou, le constructeur d'engins de manutention tout terrain, va annoncer, courant mars, un plan social. Sony France devrait fermer son site des Landes, en avril. 311 salariés vont se retrouver sans travail.

Au total, entre 375 000 et 454 000 emplois pourraient disparaître en 2009, selon les nouveaux scénarios examinés le 11 mars par les gestionnaires de l'Unedic et fondés sur des hypothèses de recul du PIB de, respectivement, 1,5 % et 1,8 %, d'après les syndicats.

Solde négatif

Le baromètre Manpower des perspectives d'emploi confirme ces tendances macroéconomiques. L'agence d'emploi annonce un solde net d'emploi négatif pour le deuxième trimestre 2009 (-2 %), après un solde stable au 1er trimestre. Sans surprise, les prévisions les plus pessimistes se retrouvent dans les activités financières, l'immobilier, et les services aux entreprises (-7 %) alors que ce dernier secteur enregistrait le solde net le plus élevé de tous les secteurs au trimestre précédent.

Chiffon rouge

Le Medef n'a pas tardé à agiter le chiffon rouge. Le patronat souhaite plus de réactivité pour boucler les PSE en six ou neuf mois en s'exonérant des expertises des comités d'entreprise qui rallongent les délais de mise en oeuvre d'un plan social. Autre idée, lancée, le 10 mars, par Daniel Soury-Lavergne, directeur général d'ArcelorMittal France, lors d'un colloque (1) du groupe Alpha, cabinet-conseil en ressources humaines : le concept «de licenciement temporaire». Selon ce dirigeant, il s'agirait de se séparer «à temps plein» des salariés pendant la crise pour les réembaucher à la première embellie. « Les dispositifs de chômage partiel sont dépassés, relève Daniel Soury-Lavergne. Ils ne sont pas compatibles avec des durées aussi longues d'inactivité. Il faut que les entreprises puissent se séparer à temps plein de leur salariés pour les reprendre ensuite avec leur qualification. C'est une proposition à inventer qui fait actuellement débat au sein de l'UIMM, la fédération de la métallurgie ».

Tensions à Pôle emploi

Comment limiter la casse ? L'afflux des chômeurs va provoquer de fortes tensions sur Pôle emploi. Et les finances de l'Unedic devraient passer dans le rouge dès la fin de l'année. Il n'y aura donc pas de baisse de cotisations sociales en juillet prochain, comme pouvait le laisser supposer le texte de la nouvelle convention d'assurance chômage. La situation est d'autant plus instable que l'Unedic est mise à contribution. Ainsi, le régime paritaire est prêt à participer au financement du chômage partiel. Un souhait émis par Nicolas Sarkozy, le 18 février, qui avait décidé un relèvement de l'indemnisation à hauteur de 75 % de la rémunération brute.

Réactivation du Trild

Le président de l'Unedic, Geoffroy Roux de Bézieux (Medef), et sa vice-présidente, Annie Thomas (CFDT), devraient engager rapidement des discussions avec le gouvernement. Concrètement, il s'agirait pour les négociateurs de réactiver le Trild (Temps réduit indemnisé de longue durée), un système créé par la loi quinquennale de 1993 et financé de manière tripartite par l'Etat, l'Unedic et l'employeur. A l'époque, ce système imposait en contrepartie, à l'entreprise, de ne pas licencier pendant six mois avant la fin du chômage partiel. Aucun montant sur la part de la prise en charge n'a, pour l'heure, été évoqué. Aucune date n'est prévue pour la signature d'un accord avec l'Etat, malgré son caractère «d'urgence». Laurent Wauquiez avait pourtant émis le souhait d'aboutir « d'ici avril ».

Incorporer le secteur des services

Mais Geoffroy Roux de Bézieux voit large : ces négociations permettront également de réfléchir « au chômage partiel du XXIe siècle » en examinant la possibilité d'intégrer dans ce dispositif le secteur des services et les salariés en forfait jours.

L'Acoss, la banque des cotisations sociales, est également mise à contribution. Les gestionnaires de l'Unedic ont adopté, le 11 mars, un projet initié par Bercy permettant de centraliser les demandes de report de paiement des cotisations auprès de l'Unedic, de l'Acoss et de l'Agirc-Arrco. A compter du 1er mai 2009, les entreprises en difficulté qui en font la demande pourront, sous conditions, bénéficier d'un report du paiement de leurs cotisations pour une durée d'un an ; 20 000 entreprises avaient déjà bénéficié du report de cotisations Unedic en novembre dernier.

(1) Hommes, territoires : nouvelles frontières du dialogue social.

Plus de 100 000 emplois détruits en 2008

Les derniers baromètres de l'emploi salarié ne rassureront guère les entreprises. 2009 devrait accentuer la dégradation constatée fin 2008. Selon la Dares, les destructions d'emploi ont atteint 106 800 (-0,6 %) au quatrième trimestre, avec une chute accentuée de l'intérim, qui a perdu 79 500 postes (-13,3 %), après 21 800 au trimestre précédent (-43,5 %).

Sur un an, plus de 100 000 emplois ont été détruits. « 2008 ressemble en tous points à 1991, année d'un fort retournement avec de fortes baisses d'emploi en 1992 et 1993 », indique Bernard Ernst, directeur des statistiques de Pôle emploi.

Tous secteurs confondus, l'industrie accuse la plus forte chute, avec 75 200 emplois supprimés en 2008. Ce secteur ne représente que 19,7 % de l'emploi salarié (contre 42 % en 1976).

Mais le tertiaire reste fragile. Il passe pour la première fois de son histoire dans le rouge en raison de la très forte baisse de l'intérim (le travail temporaire, quel que soit le domaine d'intervention, étant intégré à ce dernier secteur).

Un appel d'offres pour les opérateurs privés

Pour faire face à l'accroissement de la charge de travail, Pôle emploi va lancer, à la fin du mois de mars, un appel d'offres à destination des opérateurs privés pour le suivi de 100 000 à 120 000 demandeurs d'emploi (dont la moitié au titre de la convention de reclassement personnalisé). Les contrats seront notifiés en juin prochain.

Le coût de la prise en charge par demandeur d'emploi n'est pas connu. Mais il devrait probablement être, à l'instar des tarifs des appels d'offres précédents, autour de 2 500 euros par personne (5 000 euros pour les seniors). Seul changement : les modalités de financement pourraient être revues par rapport aux expériences précédentes, la part liée au retour effectif à l'emploi devrait ainsi être abaissée pour tenir compte du contexte économique dégradé.

Ces nouveaux dispositifs se « substitueront » aux contrats en cours qui arrivent à terme et dont l'évaluation est attendue en juin 2009. 80 000 chômeurs ont d'ores et déjà été accompagnés, depuis 2005, par les opérateurs privés.

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