Très jaloux de l'exception culturelle française, nos concitoyens n'ont cependant de cesse d'envier la réussite allemande mise sur le compte des vertus morales de nos voisins, fondées sur la valeur travail et le sérieux. L'histoire économique récente et la manière dont l'Allemagne tirait son épingle du jeu de la concurrence mondiale semblait justifier cette jalousie des Français.

A l'heure où la France s'endettait pour soutenir l'emploi, l'Allemagne, jouant la carte de la compétitivité et des délocalisations, se sortait très bien des nouvelles contraintes de la globalisation. Pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants économiques et humains des divergences franco-allemandes, des économistes du Cercle des économistes, sous la direction de Patrick Artus, professeur à Polytechnique et à Paris-1, en examinent les raisons.

Le renouvellement continu des entreprises de taille moyenne sur le marché mondial, côté français, contre la stabilité de ce type d'entreprises, côté allemand, ainsi que des stratégies différentes par rapport à l'emploi et aux réformes du marché du travail sont les principales raisons de ce qui a pu, jusqu'à récemment, apparaître comme le handicap français. A l'heure où les demandes intérieures des pays clients de l'Allemagne s'effritent, il n'est pas sûr, cependant, que les sacrifices consentis par les Allemands sur le versant des salaires au profit de la compétitivité soient payantes.

Pour les auteurs de cette analyse, ce qui ne fait aucun doute, en revanche, est l'intérêt des deux pays à renforcer leur collaboration industrielle dans un contexte de compétition où les effets de taille seront déterminants. P. R.