logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

Royaume-Uni Les Anglais d'abord !

Les pratiques | publié le : 10.03.2009 |

Dans un pays où la barre des 3 millions de chômeurs devrait être dépassée à l'horizon 2010, les tentations de protectionnisme reviennent au premier plan.

Depuis le début de l'année, les syndicats du Royaume-Uni multiplient les occasions de brandir le slogan «British jobs for British workers», littéralement, «les emplois au Royaume-Uni pour les travailleurs britanniques». La récente décision prise par le groupe français pétrolier Total de confier un projet d'extension du site de sa raffinerie de Lindsey, d'un budget de 200 millions de livres, à la société italienne Irem, a attisé le feu qui couvait.

Ce projet devait se traduire par l'embauche de près de 200 Italiens et Portugais. Il a été accueilli, à la fin du mois de janvier, par des grèves sauvages de solidarité dans un certain nombre de sites industriels du pays, au motif que ces emplois auraient très bien pu être occupés par des Britanniques. Une série de négociations entre Total et les syndicats ont abouti à un accord, le 5 février, affectant aux salariés anglais 102 des 195 emplois inclus dans le nouveau contrat de l'usine.

Inciter à la préférence nationale

La décision n'a pas impliqué de licenciements dans la mesure où seuls 100 postes avaient été, jusqu'à présent, confiés à des salariés étrangers. Reste qu'au-delà de l'aboutissement des négociations, le sujet de l'embauche de main-d'oeuvre étrangère a fait renaître des tentations de protectionnisme au Royaume-Uni où le chômage a, d'ores et déjà, atteint 6,3 % de la population active en janvier. « Le problème ne réside pas dans le fait que des salariés d'autres pays européens viennent travailler au Royaume-Uni, pas plus qu'il ne relève des fournisseurs étrangers gagnant des contrats au Royaume-Uni, s'est défendu Derek Simpson, secrétaire général adjoint auprès du syndicat Unite. Est critiqué le fait que les employeurs n'accordent pas aux salariés britanniques la possibilité de participer à ces contrats. »

Une situation embarrassante pour Gordon Brown, qui avait lui-même promis « des emplois britanniques pour les travailleurs britanniques » en arrivant au pouvoir en 2007. Son gouvernement pourrait devoir faire face à des demandes de réaménagement du droit du travail, lequel permet à des sociétés étrangères sous-traitantes de faire travailler des salariés payés au salaire minimum britannique, alors que les ouvriers qualifiés anglais bénéficient de salaires supérieurs.

Même si le parti au pouvoir se défend, aujourd'hui, d'avoir voulu inciter au protectionnisme, la petite phrase a déclenché une véritable campagne aux vagues relents de racisme, se répandant même dans la presse britannique ; le Daily Telegraph, proche du parti conservateur, en tête.

Hausse de la main-d'oeuvre étrangère

La grogne a également été alimentée par la publication de chiffres par l'Office national des statistiques (ONS) en février : au dernier trimestre 2008, la main-d'oeuvre étrangère a représenté 3,82 millions de personnes, soit 214 000 de plus qu'un an auparavant et 1,9 million de plus qu'en 1997, date de l'arrivée du parti travailliste au pouvoir.

Fait significatif, les flux de travailleurs en provenance d'Europe centrale et de l'Est ont reculé de 40 %, conséquence d'un déclin de la main-d'oeuvre polonaise : au dernier trimestre 2008, seuls 16 000 dossiers d'application ont été remplis par ces salariés, contre 36 000 une année plus tôt et 47 000 de septembre à décembre 2006.