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Les pratiques

Plan social made in France pour L'Oréal à Monaco

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 10.03.2009 |

Il aura fallu dix-sept jours de grève pour que les salariés de Sofamo, le site de L'Oréal à Monaco, obtiennent un plan d'accompagnement du PSE, annoncé en septembre 2008.

Soulagement sur le site monégasque de Sofamo (groupe L'Oréal). Après trois mois de conflit, les 173 salariés de l'usine de production des marques Biotherm et Helena Rubinstein et les 25 salariés du centre de R & D, dont la fermeture définitive est planifiée pour le 31 mars 2011, ont accepté, le 18 décembre 2008, le compromis proposé par la direction du site. Outre une indemnité de départ d'un mois et demi de salaire par année d'ancienneté, le plan d'accompagnement prévoit des indemnisations spécifiques en fonction du nombre d'enfants à charge et de l'âge du salarié. « Chez Sofamo, l'âge moyen est de 43 ans et l'ancienneté de quinze ans, souligne Richard Ravel, un représentant du personnel. Nous voulions voir prise en considération notre fidélité au groupe. »

Reclassements favorisés

Les salariés bénéficieront, également, d'une série de mesures destinées à favoriser leur reclassement : prise en charge par le cabinet de reclassement Horemis (groupe Hominis) ; aides d'un montant de 15 000 euros pour une création d'entreprise et de 7 500 euros pour une formation qualifiante ; incitations financières pour les entreprises embauchant un ex-salarié de Sofamo ; et primes de déménagement pour ceux qui accepteraient une offre de reclassement interne. La direction du site aura donc finalement mis sur pied le plan d'accompagnement «exemplaire» promis dès l'annonce de la fermeture du site, le 17 septembre 2008.

Premières propositions rejetées

Pour en arriver là, il aura cependant fallu trois mois houleux, ponctués de 17 jours de grève, d'une manifestation devant le siège de L'Oréal à Clichy (92) et de l'intervention du directeur de l'éthique du groupe. Car, proposée en octobre, la première mouture du plan est jugée « inadmissible » par les salariés - une indemnité de départ représentant 80 % du salaire mensuel par année d'ancienneté ainsi qu'une offre de reclassement interne sur les sites de Caudry (59) ou de ChevillyLarue (94) qui accueilleront les activités de Sofamo. Ceux-ci entament alors une grève de deux jours. « Non seulement nous pouvions nous voir proposer un CDD ou une mission d'intérim de plus de six mois en guise de reclassement interne, mais ces offres impliquaient un déménagement, ce que l'immense majorité d'entre nous ne peut se permettre, pour des raisons familiales », explique un représentant du personnel.

Transfert de production

Ces propositions de la direction sont d'autant plus mal acceptées que les salariés soupçonnent le leader mondial des cosmétiques d'avoir orchestré la dégradation de la productivité du site. « En 2005, Sofamo faisait partie des cinq premiers sites de production du groupe en matière de qualité et de valeur ajoutée », poursuit le représentant du personnel, qui ajoute qu'en 2006, le transfert de six chaînes de conditionnement de l'usine - soit 25 millions de pièces - sur d'autres sites, a entravé les résultats de l'usine.

« L'Oréal croyait sans doute que fermer une usine à Monaco, où les salariés ont la réputation d'être mieux traités qu'ailleurs, ferait moins de vagues qu'en France », suggère-t-il. En raison d'une majoration de 5 % prévue par la législation sociale monégasque sur le salaire minimum adossé au Smic français, les salaires sur «le Rocher» ont, en effet, pour réputation, par ricochet, d'être plus élevés qu'en France. Pour Delphine Frahi, l'avocate mandatée par les salariés, le droit monégasque ne présente cependant pas que des avantages. « La réglementation relative au licenciement économique y est moins favorable qu'en France : non seulement les délais de procédure sont beaucoup plus courts - entre un et trois mois, en fonction du nombre de salariés, entre la première information et la possibilité effective de licencier -, mais les délégués du personnel, dont les attributions ne s'étendent pas aux questions économiques, ne peuvent prétendre à aucun budget leur permettant de se faire conseiller par un expert extérieur. En cas de nécessité, les salariés sont alors contraints de prendre eux-mêmes ce coût en charge. »

Reconduction du mouvement

En l'absence d'avancées jugées significatives à la suite de la grève d'octobre, les salariés de Sofamo reconduisent leur mouvement le 11 novembre. Le 24, une centaine d'entre eux se rendent à Clichy pour manifester devant le siège de L'Oréal. Une première rencontre avec la direction générale se solde par un échec. « Plusieurs fois sollicité par les salariés qui estimaient que la charte d'éthique du groupe était bafouée, Emmanuel Lulin, directeur de l'éthique, a alors accepté de jouer, à mes côtés, un rôle de médiation », explique Me Frahi. Alors que les salariés acceptent, le 26 novembre, de regagner leur poste de travail après quinze jours de grève, les deux médiateurs réengagent le processus de négociation qui mettra un terme, début décembre, au conflit.