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Les pratiques

Action groupée contre le styrène en Languedoc-Roussillon

Les pratiques | publié le : 10.03.2009 |

En Languedoc-Roussillon, une vingtaine d'entreprises industrielles diminuent l'exposition de leurs salariés au styrène, un produit à risque cancérogène. C'est le changement de procédé de fabrication qui s'avère le plus efficace.

Alerte au styrène ! Ce composant qui entre dans la fabrication de matières plastiques pour les piscines, les bateaux, les cuves à vin, les fosses septiques..., est un produit hautement toxique, classé «cancérogène possible»*. En Languedoc-Roussillon, 27 PME industrielles, qui dépassaient les seuils autorisés, se sont engagées à diminuer l'exposition de leurs salariés à ce produit, à l'invitation du département «Prévention des risques» de la Caisse régionale d'assurance maladie (Cram).

En 2007 et 2008, 70 % des entreprises ont engagé les mesures nécessaires. La plupart s'équipent de systèmes de ventilation et d'aspiration destinés à évacuer en permanence les émanations du produit toxique. Avec de bons résultats, puisque la dizaine d'entreprises où la Cram est déjà retournée faire des mesures, enregistrent, désormais, des valeurs moyennes (ou limites) d'exposition inférieures aux valeurs admises.

Evacuation des polluants

Au départ, Catana (groupe Poncin), un fabricant de catamarans de croisière, basé à Canet-en-Roussillon, s'est contenté de ce type d'investissement. Dans l'atelier où sont fabriqués la coque et le pont des bateaux, la cinquantaine d'ouvriers qui appliquent la résine contenant le styrène sur la fibre de verre sont en contact avec le produit. En 2007, Catana a installé un système de ventilation dans l'atelier pour évacuer les polluants, ainsi qu'un appareil destiné à capter l'air au fond des coques au moyen de tuyaux pour éviter la stagnation du styrène dans ces parties creuses. L'industriel a aussi acheté des masques de protection plus efficaces et a fermé ses fûts de styrène, qui restaient ouverts pour un accès plus facile, avec des couvercles adaptés. Un investissement total de 15 000 euros.

Un nouveau procédé

« Lors de la première mesure, les valeurs d'exposition étaient très importantes, plusieurs fois les valeurs admises. Aujourd'hui, elles sont inférieures au seuil autorisé », rapporte Alexis Guilhot, ingénieur-conseil à la Cram Languedoc-Roussillon. Mais le fabricant de bateaux a décidé d'aller plus loin : « Nous allons mettre en place, en 2009, un nouveau procédé de fabrication, l'infusion, indique Cédric Chorlay, directeur général de Catana. La résine est diffusée dans une enceinte close, sous vide. Il n'y aura plus de contact avec le styrène. » Le coût s'élève à 20 000 euros, auxquels s'ajoute celui des 800 heures d'études et d'ingénierie.

Avantage industriel

Une fois ce procédé mis en place, la valeur d'exposition au styrène devrait être quasiment nulle. En plus de l'amélioration des conditions de travail, le fabricant en tire un avantage industriel : « Des pièces de meilleure qualité, plus légères », selon Cédric Chorlay. « Le changement de mode de production pour supprimer toute exposition est la meilleure solution, estime Alexis Guilhot. En effet, aujourd'hui, les valeurs d'exposition autorisées sont relativement élevées ; demain, on risque de les baisser. Et quand un produit est cancérogène, on doit éviter tout contact. Les entreprises ont donc intérêt à aller plus loin dans la démarche. »

* Sources : Institut national de recherche et de sécurité (INRS) et Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

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