E & C : L'Afsset vient de remettre aux ministères chargés de la santé, du travail et de l'environnement un rapport sur la toxicité des fibres courtes et des fibres fines d'amiante. Quelles sont ses principales conclusions ?

G. L. : Jusqu'à présent les fibres courtes et, pour une part, les fibres fines d'amiante n'étaient pas bien prises en compte dans la réglementation. Notre étude conclut que les fibres fines ont un effet cancérogène significatif, comme les fibres longues. Pour les fibres courtes, nous ne pouvons pas écarter cet effet, même si les données sont plus difficiles à interpréter. Or, ces fibres prédominent dans les dalles vinyle amiante des écoles, hôpitaux publics et autres bâtiments collectifs construits dans les années 1970.

E & C : Par conséquent, que préconisez-vous ?

G. L. : Afin de réduire l'exposition des professionnels, nous recommandons d'abaisser le seuil réglementaire actuel (valeur limite d'exposition professionnelle) et d'ajouter les fibres fines au comptage des poussières d'amiante pour les bâtiments en général. Pour l'environnement intérieur des bâtiments, il faudra aussi abaisser la valeur réglementaire actuelle de 5 fibres par litre, qui sert au déclenchement des travaux de désamiantage. Nous proposons également de créer un nouveau seuil réglementaire spécifique pour les fibres courtes, largement majoritaires dans les nuages d'amiante, qui pourrait servir d'indicateur de dégradation des matériaux.

E & C : Quelles seront les suites données à votre étude ?

G. L. : Notre expertise consiste à fournir des conseils aux ministères, afin qu'ils définissent la réglementation, et aux employeurs, qui ont la responsabilité de protéger la santé de leurs salariés. En ce qui concerne l'amiante, les ministères ont décidé de lancer une concertation pour mettre en oeuvre de nouvelles valeurs réglementaires. Ils réuniront prochainement le Conseil d'orientation sur les conditions de Travail (Coct).