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Pour faciliter le lien avec le monde associatif

Enquête | publié le : 24.02.2009 |

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Pour faciliter le lien avec le monde associatif

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Le mécénat de compétences séduit de plus en plus d'entreprises. Développement de la marque employeur, création de lien, fierté d'appartenance... Les bénéfices à mettre ses salariés à la disposition du monde associatif sont nombreux.

Vinci, Club Méditerranée, Altran, Deloitte, HSBC, La Mondiale, Bouygues Telecom... Aussi différentes soient-elles, ces entreprises ont pourtant un point commun : elles pratiquent le mécénat de compétences. Le principe est simple. Il s'agit de mettre ponctuellement à la disposition d'un organisme d'intérêt général un ou plusieurs salariés volontaires sur leur temps de travail. Favorisé fiscalement par la loi du 1er août 2003 (1), le concept a le vent en poupe.

Reste une question : quel est, concrètement, l'intérêt pour une entreprise de s'orienter dans cette voie ? Car, toutes ces heures données chaque année à une ou plusieurs associations ont un coût. « Aujourd'hui plus qu'hier, il y a une quête de sens, répond Anne Doucet, ex-DRH, consultante et auteure de Management à contresens (Eyrolles). Les salariés ne se contentent plus de faire simplement leur travail. » « Le contrat du salarié avec l'entreprise a évolué. L'un cherche de l'épanouissement, et l'autre, le développement de sa marque employeur », confirme David Autissier, coauteur de L'atlas du management (Eyrolles) et maître de conférences en management à l'université de Paris-12, qui ne s'étonne pas de la réussite des actions de solidarité. « On retrouve, avec le mécénat de compétences, un lien individu/collectif dilué dans l'entreprise », souligne-t-il. Cette recherche de sens s'accompagne d'une volonté d'équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Pour Céline Filet, déléguée générale de la fondation Bouygues Telecom : « Y parvenir, c'est s'impliquer. »

Crédibilité

Le mécénat de compétences s'impose donc comme l'une des réponses à ces nouvelles préoccupations. Avec, à l'arrivée, de multiples bénéfices. Ils concernent, tout d'abord, la crédibilité même de l'entreprise auprès de ses salariés. « C'est non seulement dire «nous sommes une société citoyenne», c'est aussi le prouver », explique Michel Pasquier, fondateur du site Koeo, plate-forme de mise en relations autour du mécénat de compétences entre entreprises et associations. Autrement dit, « l'entreprise donne une existence très concrète aux valeurs qu'elle affiche », témoigne Christine Daoulas, responsable RSE d'Hudson, conseil en recrutement et en ressources humaines qui organise, depuis deux ans, une journée citoyenne réservée à des actions en lien avec l'expertise de l'entreprise.

Fierté d'entreprise

En retour, les salariés en retirent la fierté de travailler pour un employeur en phase avec ses engagements. « Des salariés fiers donneront alors le meilleur d'eux-mêmes », souligne Anne Doucet. Davantage de sens et de motivation produit un plus grand attachement à l'entreprise, une baisse du turn-over et donc des coûts de recrutement. La déléguée générale de la fondation Bouygues Telecom a pu le mesurer. En 2006, une enquête de satisfaction menée en interne demandait aux collaborateurs de répondre, notamment, aux questions : « Bouygues Telecom est-elle une entreprise citoyenne ? » ; « Etes-vous fier de travailler pour Bouygues Telecom ? ». Les réponses positives ont recueilli plus de 90 % des suffrages (lire p. 26). « J'ai la faiblesse de penser que l'action de la fondation y est pour quelque chose », avance Céline Filet.

Michel Pasquier note un autre intérêt de la formule : permettre aux salariés de sortir de leur quotidien. « En s'engageant à l'extérieur, ils apprennent à manager avec d'autres référents, sur d'autres cycles et à d'autres rythmes. » Un avis partagé par Olivier Gélis, directeur général de Robert Half France (lire p. 24). « C'est indiscutablement une prise de recul et une remise en cause de l'exercice de nos métiers. »

« Ainsi, ces actions créent un nouvel état esprit et, par ricochet, de la cohésion », ajoute Tanguy de Laubier, directeur général de BlueLink (lire p. 26). En effet, David Autissier en est convaincu : « Le mécénat de compétences est un formidable outil de création de dialogue interne. » Eliane Hervé-Bazin, responsable de la fondation Réunica Prévoyance, l'a également constaté : « Permettre aux collaborateurs de s'engager dans diverses actions humaines décloisonne et crée du lien ».

Dialogue social

Il peut aussi enrichir le dialogue social, car l'implication des partenaires sociaux fait partie des conditions de réussite du dispositif, comme le souligne François Fatoux, délégué général de l'Orse (Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises) : « Cette promotion des engagements RSE doit passer par les corps intermédiaires comme les élus, à l'instar de ce qu'a proposé SFR dans son accord du 9 mars 2006 sur l'engagement associatif des salariés. Ces représentants du personnel veilleront ainsi à ce qu'une démarche ne soit pas décalée du vécu et des préoccupations des salariés. » Car, s'il est intéressant de faire du bien à l'extérieur, il est nécessaire qu'auparavant, les fondamentaux soient acquis en interne.

(1) Déduction fiscale égale à 60 % du salaire chargé au prorata du temps de travail consacré par le salarié à l'organisme bénéficiaire, dans la limite de 0,5 % du chiffre d'affaires hors taxes.

L'essentiel

1 Encouragé fiscalement depuis quelques années, le mécénat de compétences se développe.

2 A l'heure de la RSE, les entreprises qui jouent le jeu y gagnent en crédibilité auprès de leurs collaborateurs.

3 Le dispositif, qui amène les salariés concernés à sortir de leur quotidien, peut créer du lien et consolider le sentiment d'appartenance.

Pour aller plus loin

Partenariats de solidarité : optimiser l'implication des collaborateurs. Ce guide, publié par l'IMS-Entreprendre pour la Cité, est une synthèse d'un groupe de travail mené durant un an avec des DRH et des responsables de mécénat.

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