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Les pratiques

Des soignants, préventeurs dans leur établissement hospitalier

Les pratiques | publié le : 17.02.2009 |

La Cram Rhône-Alpes expérimente une formation-action proposée à des personnels soignants d'établissements hospitaliers. Objectif : réduire et prévenir les risques liés à l'activité physique professionnelle.

«Les formations «gestes et postures», ça fait trente ans que les personnels soignants en bénéficient. Résultat : zéro ! » Joël Lecomte, kinésithérapeute-formateur (cabinet Agapes), dresse un constat sévère... pourtant pas si éloigné de la réalité. Selon l'INRS*, environ un tiers des accidents du travail sont liés à une mauvaise manutention manuelle - ils s'élèvent même à plus de 43 % en Rhône-Alpes - et les TMS sont à l'origine des trois quarts des maladies professionnelles. C'est pourquoi la Cram Rhône-Alpes expérimente, cette année, avec Joël Lecomte, une formation-action «d'animateur de projet Prap (prévention des risques liés à l'activité physique professionnelle)», qui pourrait devenir une nouvelle fonction dans les établissements hospitaliers.

Préalables exigés

Le premier groupe de stagiaires a été constitué en novembre avec une dizaine de cadres infirmiers, kinésithérapeutes ou ergothérapeutes d'hôpitaux privés et de structures pour personnes âgées ou handicapées. « D'autres régions expérimentent la même opération avec l'INRS. Notre spécificité, en Rhône-Alpes, est d'exiger des préalables, explique Didier Coté, ergonome-conseil à la Cram. Ainsi, pour qu'il y ait un véritable projet d'établissement, nous demandons à la direction et au stagiaire de cosigner un document listant les conditions de la mission et les moyens alloués. Un groupe de travail paritaire interne doit aussi être constitué. »

Confrontation des pratiques

Le but de la formation-action est que les stagiaires élaborent puis animent un projet pour leur établissement, qu'ils sachent analyser les situations de travail, repérer les causes de blessures ou de douleurs, puis qu'ils recherchent des solutions préventives. Ils apprennent aussi à former à leur tour les salariés. Les sessions se tiennent trois fois trois jours avec Joël Lecomte (novembre, janvier et mars pour ce groupe) et une journée de bilan est prévue un an après.

Pendant les interruptions, chacun doit filmer et décortiquer, dans son service, des scènes de travail, qui sont ensuite débattues en session. In fine, chacun part avec un plan d'action pour son établissement. « Ce qui est intéressant, c'est la confrontation des pratiques et l'apport d'idées nouvelles », assure un stagiaire. Ces idées peuvent être l'utilisation de draps de glissement ou de rails plafonniers pour la manutention des patients, mais elles peuvent relever aussi de l'organisation du travail. Une toilette assurée au lit pourra, ainsi, être mieux préparée, le matériel posé sur un guéridon à roulettes, une porte coulissante installée pour éviter d'avoir à la contourner... « Il faut aussi que l'aide-soignant mette la sangle arrière de ses sabots afin d'avoir un meilleur équilibre et ça, c'est facile, remarque le stagiaire. Mais ces toilettes seraient également moins pénibles si le système électrique du lit était entretenu plus régulièrement et si une deuxième aide-soignante venait aider. Or là, on se heurte aux budgets. »

Infirmières peu impliquées

Autre obstacle à la prévention, relevé par une stagiaire : « Le manque d'implication de nombreuses infirmières dans les démarches de projet de leur établissement - réunions, formation... -, d'autant que certaines vont travailler ailleurs pendant leurs jours de repos ! »

* Institut national de recherche et de sécurité.

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