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Les pratiques

Allemagne Offensive en faveur de la diversité chez Siemens

Les pratiques | publié le : 10.02.2009 |

Jugeant son entreprise « trop germano-allemande », Peter Löscher, Pdg de Siemens, lui-même d'origine autrichienne, a fait de la diversité du management l'une de ses priorités.

L'endroit ne pouvait pas être plus riche en symboles. Peter Löscher, Pdg de Siemens, avait fait, en juin 2008, le déplacement de Munich à Londres, ville multiculturelle par excellence, pour expliquer ce qui le dérangeait au sein de son entreprise. « Nos 600 cadres dirigeants sont essentiellement des hommes, allemands et blancs. Nous sommes trop unidimensionnels », avait critiqué, à l'époque, le Pdg, à la tête du géant allemand de l'électronique depuis un an. Et d'annoncer que Siemens, qui compte 400 000 salariés, dont 126 000 en Allemagne - soit 32 % - et qui réalise plus de 80 % de son chiffre d'affaires à l'étranger, allait faire de l'internationalisation du management l'une des tâches prioritaires dans les années à venir. Objectif : que le groupe arbore, dans cinq ans, une image plus internationale, plus diversifiée et plus féminine.

Moteur de l'innovation

Le Pdg avait justifié cette offensive en soulignant le caractère décisif de la diversité comme moteur de l'innovation et de la créativité. « Si on ne reflète pas l'ensemble de la clientèle maison, on ne peut exploiter pleinement son potentiel. Si on y parvient, on en retire un formidable avantage », avait insisté Peter Löscher.

Des directoires trop «allemands»

En réalité, ce constat révèle l'une des faiblesses des entreprises allemandes. En tant que championne des exportations, l'Allemagne fait partie des gagnants de la mondialisation (et des perdants en cas de crise). Mais les directoires et les conseils de surveillance des grands groupes, et surtout des PME, sont essentiellement composés d'Allemands. Aucune entreprise cotée au DAX 30 n'est dirigée par une femme. « Les entreprises suisses et suédoises ont réussi à établir un management plus international et à créer une culture d'entreprise plus mondiale », estime James Stettler, analyste chez Dresdner Kleinwort, cité par le Financial Times Deutschland.

A cet égard, le directoire de Siemens fait presque figure d'exception. Sur huit membres, trois sont des étrangers, dont un Autrichien (Peter Löscher), un Américain et, depuis novembre, une femme suisse. « C'est notre directrice des achats. Pour la première fois depuis 161 ans, le directoire compte, ainsi, une femme parmi ses membres. Un vent nouveau souffle chez nous », s'est félicité Siegfried Russwurm, en charge des RH au sein du directoire.

Mais, pour Peter Löscher, cette situation est loin d'être satisfaisante. Siemens a donc créé le poste de «Chief Diversity Officer», occupé, depuis le 1er novembre 2008, par Jill Lee. Originaire de Singapour, cette femme de 45 ans, auparavant en charge des finances au sein du directoire de Siemens China, aura pour tâche de recruter les meilleurs talents dans le monde pour promouvoir l'internationalisation du management. Objectif : qu'un excellent jeune cadre chinois, par exemple, puisse faire carrière en Allemagne ou au Brésil et pas uniquement en Chine.

Autre mesure : Siemens a mis au point des programmes qui incitent les salariés à repérer eux-mêmes de jeunes talents. « C'est important. En 2008, nous avons, en définitive, créé pas moins de 17 000 nouveaux postes dans le monde », précise Siegfried Russwurm. Enfin, Siemens a mis en place un programme de mentoring, destiné à ses cadres supérieurs. Peter Löscher s'occupe personnellement de dix jeunes cadres, dont quatre Allemands, deux Chinois, un Africain du Sud, un Américain et un Brésilien.

Nomination de Diversity Managers

Le cas de Siemens symbolise une nouvelle tendance. Environ la moitié des entreprises du DAX 30 ont nommé depuis peu un «Diversity Manager». SAP, le géant de l'informatique, a, par exemple, attribué ses quatre nouveaux postes au sein du directoire à des étrangers. Il faut dire que SAP emploie, à son siège, à Walldorf, des salariés de 75 nationalités, provenant essentiellement des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, d'Inde et de Chine ; 11 % des cadres supérieurs et des techniciens viennent de l'étranger. Un taux à faire rêver le Pdg de Siemens.