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« La vraie clé, c'est l'intermédiation »

Enquête | publié le : 10.02.2009 |

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« La vraie clé, c'est l'intermédiation »

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Philippe Joffre (1) estime que le rapport sur la qualité de l'achat et de l'offre de formation vise juste en mettant en avant la notion d'intermédiation, mais qu'il n'insiste pas assez sur la question du professionnalisme des acteurs.

« Dans ce rapport, la problématique qualité et achat en formation a été réduite à trois questions, les mêmes depuis vingt ans : existence préalable, qualité de l'offre, règles d'achat. Ce qui réduit considérablement le champ d'investigation. De plus, arriver à des propositions communes et pertinentes, en intégrant tout le champ de la formation professionnelle, est impossible : il n'y a pas «un», mais «des» marchés, dont les acteurs, les pratiques, les règles, les contraintes, les besoins de qualification, les règles de concurrence... sont dissemblables. Il faut des axes de travail différenciés et segmentés.

En matière d'orientation et d'aide au choix, le recensement exhaustif sur des bases de données publiques ou privées semble utile et incontournable. Ce n'est, pour autant, ni simple, ni suffisant.

Une voie à creuser

J'ai essayé pendant très longtemps de travailler sur une base de données intégrant les évaluations d'experts ou de consommateurs, c'est pratiquement et déontologiquement complexe à réaliser. A l'heure des communautés en ligne, cela reste, néanmoins, une voie à creuser.

Par ailleurs, le seul aspect «inventaire» - du style « je recense l'offre et je facilite la mise en relation » - ne suffit pas, car il produit souvent une réaction inverse : la profusion affichée renforce la confusion et favorise «les valeurs refuges».

La vraie clé, c'est l'accompagnement des acteurs - acheteur de formation comme bénéficiaire final - sur la définition de leur projet et sur les critères de sélection, dans une logique de trajectoires, de transitions. Informer, orienter, guider, évaluer et accompagner en situation, c'est l'«intermédiation» - mot qui apparaît une cinquantaine de fois dans le rapport -, car la véritable inégalité en matière d'éducation et de formation porte sur l'accès à l'information, l'orientation et l'accompagnement. En effet, face à des modalités de formation toujours plus diversifiées, des besoins plus individualisés, des contraintes logistiques et financières plus prégnantes, les besoins d'intermédiation explosent pour le prescripteur/ acheteur/concepteur et pour le bénéficiaire final.

Des réponses trop peu innovantes

De plus, malgré des cahiers des charges mieux travaillés par les entreprises, les réponses des prestataires restent très classiques et peu innovantes, les besoins et contraintes des acheteurs sont mal pris en compte, la problématique du client est souvent ramenée à ce que l'on a l'habitude de vendre...

Cette notion d'intermédiation pose cependant question : quels acteurs ? Quels services ? Quelles pratiques commerciales ? La question de l'enjeu de la professionnalisation des acteurs n'est jamais abordée, or elle est essentielle.

Acheter, choisir, sélectionner devient plus complexe parce que la quantité de solutions envisageables explose, impliquant un niveau d'expertise croissant. Une véritable intermédiation nécessite veille, technicité d'achat par disciplines, connaissance des modalités de financement...

Parallèlement, l'action de formation actuelle s'éloigne de la définition de celle du Livre IX du Code du travail. Elle devient une séquence dans un process plus vaste. Il faut savoir combiner les solutions pédagogiques possibles.

Enfin, le juge arbitre, ce n'est pas le prix, mais le rapport prix/création de valeur. Les contraintes budgétaires sont aujourd'hui un élément clé de tous les processus d'achat dans tous les domaines. Mais ne s'occuper que des prix contribue à paupériser les pratiques et le niveau des réflexions. Les seules actions sur les prix permettent d'économiser 5 % ou 10 % sur le coût d'une prestation, mais pas 30 % ou 50 %. Il est possible de le faire, mais en agissant sur d'autres leviers et en imaginant d'autres modalités de sélection et de coopération entre les clients et les prestataires.

Lier les prix à la création de valeur

Le débat, lors de la commission Ferracci sur la liaison prix/résultats, était très porteur et intéressant : il faut lier les prix à la création de valeur et trouver les moyens permettant de conditionner les prix à l'atteinte de résultats. C'est la seule voie de survie pour les responsables de formation, qui voient les durées et les budgets se réduire sans cesse ; aussi bien que pour les prestataires, afin de leur permettre de «vivre correctement», d'attirer les talents, d'innover... »

Erratum

(1) Directeur général de Paradoxes, société de conseil spécialisée dans le management des systèmes de formation.

Une erreur s'est glissée dans l'enquête du n° 940 consacrée aux départs volontaires. Pour Adecco, l'effectif global est de 7 000 salariés.

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