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Les pratiques

Pologne Le dimanche au travail, malgré l'Eglise et les syndicats

Les pratiques | publié le : 27.01.2009 |

Depuis dix-huit ans, les commerces ouvrent le dimanche dans toute la Pologne, même si une loi de 2007 a exclu certaines fêtes de cette autorisation. Le niveau de salaire moyen explique la faveur des Polonais pour ce système.

Alors qu'en France, la réforme du travail dominical est oubliée, au moins pour un temps, en Pologne, les courses du dimanche sont passées, depuis longtemps, dans les moeurs. Rien n'y a fait : ni les grèves tournantes, ni les grèves du zèle dans les 600 grandes surfaces et hypermarchés du pays, ni le boycott des magasins, ni les campagnes d'affichage, ni les rappels de l'Eglise. Dans leur majorité, de nombreux salariés polonais du secteur veulent travailler le dimanche et de nombreux clients aiment faire leurs courses ce jour-là !

Pas de volontariat

Après le régime communiste, avec les transformations démocratiques de 1990 à 2005 - à l'heure où tout devenait possible -, tous les commerces ont ouvert le dimanche. En 2006, renversement de tendance : une loi veut imposer l'interdiction totale. Elle est aussitôt retoquée. Et, en novembre 2007, nouvelle législation, plus timide : les jours de fête nationale et de fête religieuse importante, tous les commerces doivent obligatoirement fermer leurs portes, soit douze jours par an. Ici, il n'est pas question de volontariat. Dans les hypermarchés et grandes surfaces, le travail dominical est obligatoire. En revanche, le Code du travail prévoit un jour de récupération par dimanche travaillé ou des heures payées double.

Salaires améliorés

« Chez nous, le travail dominical crée des emplois et améliore les salaires », témoigne Piotr Stasiak, jeune économiste. En Pologne, le salaire moyen plafonne à 740 euros mensuels. Dans les petites villes, un salarié de supermarché gagne 375 euros par mois. Dans les grandes, 400 euros. Le taux de chômage ici s'élève à 10 % et, dans plusieurs régions, il atteint 30 %, voire davantage.

La bataille est donc rude. Le pays compte pourtant 90 % de catholiques et l'Eglise est «contre» : « La liberté de repos le dimanche est un droit indispensable à tous en raison de la dignité humaine et des besoins religieux, familiaux, culturels et sociaux de la personne », affirment ses représentants. Les syndicats s'opposent, eux aussi, au travail dominical. Mais avec prudence, toutefois, car une grande partie des salariés assurent y trouver leur compte.

« Quand les magasins sont ouverts, je dispose de mon week-end comme je l'entends, explique Grazyna Musialek, une journaliste économique. Comme je sais que les salariés qui travaillent le dimanche sont payés double, ou bien qu'ils disposent d'une journée de récupération, je n'ai pas de remords. »

Sortie familiale

Les centres commerciaux ou les hypermarchés sont devenus, le dimanche, de véritables lieux de rencontres, de promenades, de flâneries. On y organise des spectacles pour enfants, des concerts, des défilés de mode... Même s'ils n'y achètent rien, les Polonais aiment y passer la journée en famille. Depuis la loi sur les 12 jours de fête par an qui interdit l'ouverture à ces périodes, les Polonais ont d'autant moins de scrupules à ignorer les préventions de l'Eglise et des syndicats : 75 % se déclarent satisfaits du compromis.