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Enquête

Pourquoi les salariés ont plébiscité Value 08

Enquête | publié le : 27.01.2009 |

Plus des deux tiers des salariés de Vallourec ont investi dans l'augmentation de capital réalisée par leur groupe en décembre. Une réussite qu'expliquent les conditions de souscription, les garanties proposées et la santé de l'entreprise. Analyse d'un succès.

Près de 750 000 nouvelles actions réservées aux salariés, 12 200 souscripteurs dans huit pays, soit 68 % des effectifs concernés, et une détention de capital par les salariés qui passe de 0,14 % à 1,55 % : le bilan de Value 08, plan d'actionnariat salarié de Vallourec, s'apparente bien au «large succès» que décrivait Pierre Verlucca, président du directoire du groupe, le 12 janvier dernier, « d'autant plus significatif qu'il intervient dans un contexte marqué par la crise financière internationale ».

Sentiment d'appartenance

Pour le management, les objectifs poursuivis étaient assez classiques. Depuis 2001, la société spécialisée dans les tubes sans soudure en acier a grandi à l'international, par croissance externe, avec le rachat de petites unités qui ont souvent conservé leur marque et leur réseau commercial. Value 08 visait à instaurer un sentiment d'appartenance au groupe, toute la communication étant déclinée avec le nom et le logo de Vallourec. L'autre ambition étant de fidéliser les salariés, notamment aux Etats-Unis ou en Chine, où la tension est forte sur le marché de l'emploi du secteur pétrolier, y compris pour des ouvriers, un départ de l'entreprise avant la fin du plan se traduisant par la perte des actions gratuites proposées en guise d'abondement à la souscription. Enfin, le groupe veut aussi développer un actionnariat stable en visant une détention de 5 % du capital par les salariés.

Opération à cours inconnu

C'est au coeur de la débâcle boursière que les salariés du groupe ont eu à se déterminer. Si la décision d'ouvrir le capital avait été prise en novembre 2007, puis validée par le conseil de surveillance en février 2008, la période de réservation des actions a couru du 22 septembre au 13 octobre, soit dans les semaines qui suivaient l'effondrement de la banque américaine Lehman Brothers. Vallourec avait, en effet, opté pour une opération à cours inconnu, plus adaptée à cette période de forte volatilité des valeurs (*). Alors que le prix de référence fixé le 17 novembre avait atteint 82,48 euros, et que le prix de souscription était fixé à 65,99 euros après décote de 20 %, les 750 000 nouvelles actions émises se sont révélées insuffisantes. « Etant donné les montants réservés, il aurait fallu 1 200 000 actions, précise Luc Chazot, contrôleur financier chargé de l'opération. Le plus difficile a peut-être été d'expliquer le mécanisme de réduction. » Les cas de sur-souscription sur des opérations d'augmentation réservées ne sont pas fréquents. Mais Vallourec avait mis tous les atouts de son côté.

Outre la décote habituelle de 20 %, l'entreprise a proposé un abondement de 100 % sur les 750 premiers euros investis ; puis de 50 % jusqu'à 1 750 euros. Ces plafonds ont dû être abaissés en raison de la sur-souscription, le mécanisme de réduction choisi visant à favoriser les faibles versements et les bas salaires. Mais, pour couronner l'offre, le plan proposait aussi un mécanisme de levier élaboré avec le Crédit agricole. En France, il permettait de multiplier la performance éventuelle par 7,3.

Contraintes fiscales

Dans les sept autres pays, les conditions de souscription étaient adaptées aux contraintes fiscales particulières. Au Brésil, des actions gratuites étaient proposées pour remplacer l'abondement, de même qu'en Allemagne, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Canada, où, en revanche, les actions sont en détention directe. En Chine, où le droit ne permet pas d'acheter des actions, un dispositif a été mis en oeuvre avec le Crédit agricole, détenteur des actions et restituant leur performance aux salariés, pour éviter une détention en propre.

Le calcul du gain, sur la base d'une «moyenne protégée», est avantageux lui aussi : le cours de l'action est relevé chaque mois et seules les performances situées au-dessus du cours de référence fixé lors de la souscription seront prises en compte au terme de la période de blocage, ce qui rend moins critique le cours de sortie. Ce gain sera multiplié par 7,3 en France, par exemple, par l'effet de levier.

Séances d'information

La communication a été menée en septembre, avec l'édition de brochures et 800 séances d'information assurées par une vingtaine de salariés formés à l'exercice. Ils bénéficiaient pour cela d'un historique de l'actionnariat salarié particulièrement favorable dans l'entreprise, avec un plan 2001-2006 en France et en Allemagne qui s'était traduit par un gain de 20 fois la mise.

Toutes ces conditions, mais aussi le sentiment que l'entreprise se porte bien, avec des carnets de commandes remplis, ont séduit plus des deux tiers des effectifs mondiaux, et même 83 % des salariés brésiliens, 74 % des allemands, 76 % des chinois - une performance exceptionnelle. En France, seuls 63 % des collaborateurs ont souscrit, et avec des sommes un peu plus faibles (300 à 400 euros en moyenne) que dans d'autres pays. « Il y a une raison technique à cela, explique Luc Chazot : notre prime d'intéressement, assez élevée est investie dans le PEE par les salariés et elle a consommé une grande partie de l'enveloppe de 25 % de la rémunération que la loi autorise à consacrer à l'épargne salariale. »

Poids des salariés

« Nous ne sommes pas opposés à l'actionnariat salarié, explique Ali Kassen, DSC CFDT, première organisation chez Vallourec-Mannesmann et deuxième dans le groupe. Avoir des salariés détenteurs de capital est aussi un moyen d'influer sur les choix d'une entreprise. En outre, nous sommes conscients que la valeur de l'entreprise n'a rien à voir avec le cours de son action - 200 euros seraient plus réalistes - , et les salariés nous ont expliqué à quel point l'opération leur semblait intéressante. » Et de reconnaître que son organisation, sceptique lors de la première opération, en 2001, qui avait finalement vu l'action passer de 42 euros à près de 1 000 euros cinq ans plus tard, a, depuis, changé d'avis.

(*) Les salariés sont amenés à réserver un certain nombre d'actions sans connaître leur cours à l'avance (en pratique, cela revient à indiquer le montant de leur investissement en parts de FCPE). La valeur de l'action est fixée, comme pour les autres opérations, selon la moyenne des 20 jours de bourse précédant le jour d'ouverture de la période de souscription. Une période de rétractation est prévue avant l'augmentation du capital.

VALLOUREC

• Activité : production de tubes sans soudure en acier.

• Effectifs : 16 900 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 6,141 milliards d'euros.

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