McDonald's en France, c'est près de 1 200 restaurants et 47 000 salariés, dont la moitié d'étudiants, soit le plus grand pourvoyeur de ce type de job. Mais c'est surtout un système de production mixte, à mi-chemin entre l'entreprise industrielle et l'entreprise commerciale ; une gestion parcimonieuse des ressources humaines et une organisation en «juste à temps» qui renforce le sentiment d'urgence lié à la logique du service, créant une forme originale de solidarité. Mais celle-ci fonctionne, paradoxalement, comme une contrainte : il faut faire vite et bien pour ne pas gêner ses collègues.

Concernant la nature du travail lui-même, la polyvalence est la règle, empêchant la formation d'une identité métier. Et l'entreprise a pensé à tout, jusqu'à l'organisation des temps de détente récupérés pour un management informel, au demeurant parfaitement formalisé. L'homme est un rouage dans la machine, sa seule liberté se situant dans l'injonction suivante : aimer son travail ou le quitter.

Ambiance sympa et possibilités réelles de promotion et de carrière, McDonald's version salariés pourrait être l'entreprise idéale si le travail n'y était pas si radicalement inintéressant, les salaires aussi désespérément bas et l'ambiance de servilité, finalement, aussi indigeste qu'un Big Mac.

Après le livre d'Hélène Weber, Du ketchup dans les veines, qui décrivait la fascination exercée par le management de McDonald's sur les employés eux-mêmes, saluons l'ouvrage de Sébastien Comparet, ancien salarié de l'enseigne. Il est remarquable par sa mise en lumière des «ingrédients» d'un management des services, d'autant plus difficile à mettre à distance qu'il est un modèle d'efficacité et de rationalité qui brise toute velléité de révolte.

Sébastien Comparet est diplômé de l'IEP Grenoble. Il a été équipier chez McDonald's.