Au nom d'une exigence de performance qui semble parfois tourner à vide, tout ce que les pays européens avaient mis sur pied du temps où ils étaient moins prospères - la protection sociale, les retraites, la réduction du temps de travail... - est décrété, désormais, un luxe inabordable, même pour les pays qui produisent énormément de richesses.

Le toujours «plus» a remplacé les finalités humaines de l'économie alors même que le marché ne permet pas de fournir un emploi à tout le monde et que le nombre d'heures travaillées est en diminution constante. «Travailler plus pour produire plus», pour «gagner plus», pour «consommer plus»... telle semble être l'unique voie pour le travailleur moderne, sauf à rester sur le bord de la route de l'emploi et de la société.

Le problème est que ce credo n'est pas le fait d'un seul, fut-il président de la République, ni même peut-être d'un seul parti politique, mais d'un véritable emballement de la machine économique et financière, amorcé dans les années 1980, et dont on n'a pas encore mesuré les conséquences destructrices au niveau mondial.

Jean-Paul Maréchal, maître de conférences en sciences économiques à l'université Rennes-2, dévide le fil de cette logique anti-humaniste qui pénalise tous les salariés dans le monde, et appelle à un sursaut de bon sens au nom du développement humain et durable.