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Les pratiques

Italie Le travail dominical ne se refuse pas

Les pratiques | publié le : 16.12.2008 |

Encadré à la fois par les communes, une loi nationale et une nouvelle convention collective du commerce, le travail du dimanche est largement répandu en Italie, mais s'exerce dans des conditions très diverses.

«Le travail du dimanche ? Une jungle, affirme Marinella Meschieri, représentante de la Filcams-CGIL. Même nous, syndicalistes, avons du mal à nous y retrouver ! » En attendant, le travail dominical, dans le pays du Vatican, ne fait guère de vagues. Deux millions de salariés seraient pourtant concernés, selon le quotidien Il Sole 24 Ore. Et, compte tenu du taux de chômage important chez les jeunes, les candidats ne manquent pas.

Complexité

Sa réglementation n'est pas simple, et encore moins unifiée sur le territoire transalpin. Une négociation collective du commerce, qui n'a pas fait le plein de signatures, complexifie encore le problème depuis juillet dernier. Par exemple, une grande boulangerie romaine du centre historique ouvre sans difficulté 52 dimanches par an. Mais celle de Rimini doit se contenter de 26. Certains salariés perçoivent 30 % d'augmentation de leur rémunération, certains 100 % et d'autres... rien de plus.

Des disparités qui tiennent à l'encadrement du travail dominical, fixé à la fois par une loi, par les communes et, parfois, négocié dans les entreprises.

Au plan national, la loi remonte à 1998. Elle autorise tous les commerces de détail à ouvrir 13 dimanches par an, dont 8 au cours des semaines précédant les fêtes de fin d'année, tandis que les marchands de fleurs, de meubles et les grandes surfaces peuvent librement ouvrir tous les dimanches. Mais la loi délègue aux communes la détermination des 5 autres ouvertures dominicales légales, ainsi que l'autorisation d'ouverture des petits commerces tous les dimanches, s'ils sont situés dans le centre d'une ville d'art, ou durant les saisons touristiques, en bord de mer ou à la montagne.

La loi de 1998 contraint les salariés du commerce et du tourisme à travailler le dimanche à la demande de leur patron, à deux exceptions près : les parents ayant un enfant de moins de 3 ans à charge, ou les travailleurs ayant à charge une personne non autonome. Les employeurs sont, eux, tenus d'augmenter au minimum de 30 % le tarif horaire inscrit dans le contrat de travail, et ils doivent accorder un jour de congé de remplacement le lundi. L'augmentation de salaire peut être améliorée par un accord d'entreprise. Un grand magasin comme La Rinnascente offre une augmentation de 100 % du taux de rémunération sur base quotidienne.

Depuis juillet dernier, avec le renouvellement de la convention nationale des métiers du commerce, le dimanche se retrouve en zone de flou. Car la CGIL, qui n'a pas signé cet accord, considère qu'il ne peut pas s'appliquer pour le moment et attend des améliorations. Les autres fédérations et le patronat n'ont pas accordé au salarié le droit de refuser de travailler le dimanche, ni contraint les entreprises à négocier une augmentation de rémunération complémentaire aux 30 % légaux.

En revanche, le texte impose une rotation des salariés du dimanche, avec un maximum de trois dimanches travaillés sur une période de trois mois. Cela assure, notamment aux temps partiels qui, en règle générale, ne sont pas payés en plus contrairement aux autres salariés, de ne plus être systématiquement sollicités. Insuffisant pour la CGIL. « Nous ne pouvons pas accepter un tel chantage exercé sur les salariés, qui, sous peine de perdre leur emploi, doivent accepter de voir déniés leurs droits de citoyens et de travailleurs, explique Marinella Meschieri. Le dimanche doit rester un jour de repos commun à la plupart des salariés. »

Impact sur le commerce de proximité

Tout comme en France, le syndicat pointe aussi les risques de l'ouverture des centres commerciaux sur l'activité du commerce de proximité. Selon une étude de la Confesercenti (association patronale), publiée le 10 décembre, 4 000 boutiques pourraient définitivement baisser le rideau au cours du premier semestre 2009, dans la seule province de Rome.