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Les pratiques

General Electric turbine au bien-être

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 16.12.2008 |

En un an et demi d'existence, la «Direction de projet bien-être» de GE Energy à Belfort a instauré des dizaines d'actions relatives à la santé et aux conditions de travail des 1 900 salariés. L'impulsion ainsi donnée, la direction du bien-être devrait disparaître en 2009.

Distribution de fruits et légumes, salles de détente, incitation à pratiquer une activité physique, logiciel de traduction d'interfaces et dictionnaire en ligne pour ne pas paniquer face à l'anglais, embauche de deux ergonomes, etc. : c'est par dizaines que se comptent les mesures «bien-être» prises par General Electric Energy dans son siège européen de Belfort. Elles sont toutes issues de la «Direction de projet bien-être», créée il y a dix-huit mois.

Réorganisation progressive

Rattaché à la direction générale et confiée à deux cadres, ce nouveau département répondait au constat initial dressé par Vincent Riss, le DRH : « Une entreprise internationale en pleine croissance, dont les nombreux recrutements n'excluent pas les risques de surcharge, et marquée par un certain manque de convivialité. »

Chaque mois, quatre groupes d'une dizaine de participants (direction, syndicats, salariés volontaires) planchent sur les thèmes identifiés comme vecteurs d'amélioration : l'environnement de travail, l'organisation, la communication, les objectifs et la reconnaissance. La réorganisation progressive des bureaux des 1 000 salariés non affectés à la production - sur un effectif total de 1 900 - domine le premier sujet. Avant même que l'open space n'ait mauvaise presse, GE Energy Belfort en a pressenti les limites.

L'entreprise s'est donc mise à «recloisonner», aux sens propre et figuré, les vastes plateaux, de façon à créer des pôles d'une dizaine de personnes. « Très centrée sur les «nouvelles technologies» dans les années 1990, la thématique de l'environnement de travail évolue pour toucher, notamment, le mobilier », observe Michel Jeanroy, directeur des «projets initiatives santé bien-être». Ainsi, à Belfort, des planches hautes permettent de travailler debout, si on le souhaite, et les tablettes pivotantes, de se tourner vers un ou plusieurs collègues afin de visualiser ensemble un ordinateur portable. Le gris des murs cède la place à une variation du rouge foncé à l'orange, tandis que des puits de lumière et de multiples fenêtres font la chasse aux poches d'obscurité, dans les couloirs notamment. Des zones de repos permettent de s'éloigner du travail lorsque la saturation menace.

Déjà testés à plus petite échelle, les changements se mettront d'abord en place dans un nouveau bâtiment administratif que ses 400 occupants investiront l'été prochain. « Désormais, il importe de déployer rapidement ces initiatives dans les locaux plus anciens », souligne Michel Jeanroy. Des zones de repos ont également été installées dans les ateliers.

Souplesse des horaires

Second sujet, «l'organisation du travail» débouche sur le télétravail (lire encadré) et des horaires plus souples. Depuis quelques mois, les non-cadres peuvent arriver à leur bureau entre sept heures et neuf heures ; les ouvriers partir plus tôt le vendredi... ; et les cadres trop zélés sont «mis à la porte» à 20 heures, sauf obligation expresse.

Parmi les autres thématiques du groupe de travail, celle de la «reconnaissance» engendre davantage d'ambiguïté. Là où les syndicats entendent hausse de rémunération et primes, l'employeur perçoit d'abord des perspectives de carrière à proposer, en particulier pour les techniciens et agents de maîtrise.

Le principal objet de débat touche le stress. « GE Energy est le prototype de l'entreprise moderne, soucieuse, reconnaissons-le, de l'amélioration du quotidien des salariés. Mais les mesures ne s'attaquent pas aux problèmes de fond du stress et de la pénibilité », juge André Pellegrini, secrétaire (CGT) du CE belfortain. « Nous ne nions pas le phénomène et pouvons y apporter des remèdes », répond Vincent Riss. Après celui de la CGT, en 2007, le groupe «organisation du travail» et le service médical ont construit un questionnaire en quelque 80 points axé sur le niveau et les causes (méthodes de Maslach et de Karasek). Rempli à l'occasion des visites médicales depuis la mi-octobre, il devrait déboucher sur de premières mesures début 2009.

Une direction provisoire

Conçue comme provisoire, la direction du bien-être devrait disparaître courant 2009 : GE Energy estime que l'élan est suffisant pour une diffusion par des relais classiques.

TRENTE TÉLÉTRAVAILLEURS

L'accord de télétravail concerne 30 salariés, cadres en exclusivité et femmes en majorité, qui en ont exprimé le souhait. Ils peuvent travailler depuis leur domicile le mercredi, ou le mercredi et le vendredi, l'employeur fournissant le matériel le cas échéant, et systématiquement une clé d'accès à l'intranet. Le CHSCT peut procéder à des vérifications. Pour Sandra Quezada-Camonin, responsable achats, « la formule permet de rester à la maison le mercredi, quand mon fils n'a pas école. Le service évite de programmer des réunions ce jour-là. Il faut faire attention à ne pas passer un temps excessif sur le travail effectué à la maison, mais l'esprit d'autonomie dans lequel nous évoluons en permanence nous y aide ».