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Le yoga du mental

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 16.12.2008 |

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Le yoga du mental

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A ne pas y prêter attention, chacun collectionne aisément des pensées défaitistes. Cela commence dès le matin avec la radio ou la télévision. Cela continue au travail : les coupes budgétaires, les efforts demandés en urgence, la crispation des managers, la peur que la situation ne se dégrade davantage. Pourtant, le moral des Français résiste bien, disent les instituts de sondage. La société serait-elle plus résiliente qu'on ne le croit ? Oui, à condition de ne pas se laisser piéger par la peur collective.

Aujourd'hui, salariés et managers supportent mal l'esprit de panique qui souffle dans certaines entreprises. C'est bon signe ! « D'accord, la situation est difficile et l'année prochaine sera dure, mais ce n'est pas une raison pour plomber le moral de tous », disent les personnes, en substance. Effectivement, certains dirigeants arrivent au bureau l'air préoccupé, participent aux réunions en mettant la pression et annulent subitement des décisions sur des projets cruciaux pour l'avenir de l'entreprise. Soucieux de l'année à venir, ils exigent parfois des objectifs tellement ambitieux que les budgets correspondants deviennent ridiculement infaisables. Un manager me confiait cette semaine : « Ils ne voient pas les dégâts que leur attitude provoque sur l'ensemble des salariés. C'est comme s'ils criaient avec un porte-voix : «Tous aux abris !» »

Ce qui arrive à ces dirigeants peut arriver à chacun de nous. Quand il n'est pas exercé à maintenir son cap, le mental de l'homme est facilement dévergondé, se comportant rapidement comme un éléphant fou sans son cornac. Rester maître de son état d'esprit nécessite de pratiquer régulièrement une sorte de yoga du mental.

Diminuer, pour commencer, son exposition quotidienne aux messages catastrophes. Lire le journal au lieu d'écouter les nouvelles ; écourter les conversations qui se complaisent dans la dramatisation et changer discrètement de sujet ; s'entourer d'amis positifs qui parlent de leurs projets plutôt que des contraintes qui les limitent ; choisir les sorties qui nourrissent le moral et font du bien. Ensuite, entretenir volontairement un regard positif.

La meilleure gymnastique mentale comporte deux exercices essentiels. Le premier consiste à tourner tous les jours son esprit vers ce que l'on veut voir advenir : ses projets, la bonne entente entre les personnes, une meilleure collaboration entre services, les progrès de la conscience collective, la paix dans le monde... La deuxième pratique permet de se rappeler régulièrement ce qui va bien. Sur ce point, rien de tel que tenir un journal de gratitude. Chaque soir, on passe en revue sa journée et l'on note 5 raisons d'être reconnaissant : un événement sympathique de la journée, le sourire de quelqu'un, la chance que l'on a eue, un moment partagé, une petite oasis de bonheur... L'esprit de gratitude est le meilleur antidote contre la morosité ambiante. La peur collective est contagieuse ? C'est vrai, mais la volonté de garder le moral sans se laisser prendre par la dramatisation l'est encore plus.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. < lesagetconseil@wanadoo.fr >