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Les pratiques

Pologne La Pologne taille dans les retraites anticipées

Les pratiques | publié le : 09.12.2008 |

Le pays supprime de la liste des métiers dits pénibles, éligibles au bénéfice des préretraites, de nombreuses professions, dont les enseignants, les acteurs, les juristes et les journalistes...

En Pologne, 1,1 million de salariés bénéficiaient, jusqu'à présent, d'un généreux système de retraite anticipée. Tous étaient, en effet, considérés comme ayant exercé des métiers pénibles. Dans ce cas, une femme pouvait s'arrêter de travailler à 55 ans au lieu de 60 et un homme à 60 ans au lieu de 65. Chaque retraité avait, en outre, le droit de retravailler sans verser de cotisations sociales. Avec la loi votée en novembre par les deux chambres du Parlement, ils ne seront plus, désormais, que 250 000. L'application sera progressive, du 1er janvier 2009 à 2013.

La nouvelle législation va réduire sensiblement le nombre de professions ayant droit à la retraite anticipée. Celle-ci est maintenant réservée aux seuls salariés ayant travaillé dans des conditions difficiles ou nuisibles à la santé : sidérurgistes, conducteurs de train, chauffeurs de camion et salariés en contact avec des produits chimiques dangereux, etc. Environ 850 000 professionnels - enseignants, acteurs, musiciens, juristes, imprimeurs, journalistes, etc.... - vont, ainsi, perdre un privilège souvent injustifié.

Cotisations obligatoires

En 1998, une première réforme du régime de retraite a été réalisée. Depuis, le système s'appuie sur trois piliers. Le premier repose sur les cotisations obligatoires des entreprises et des salariés versées à l'assurance retraite... Le second s'appuie sur les fonds d'investissements obligatoires. Et le troisième - facultatif - fait appel aux cotisations volontaires des salariés auprès de compagnies d'assurance ou dans des régimes de retraite surcomplémentaires d'entreprise.

Depuis une dizaine d'années, la réforme des retraites anticipées a été ajournée par les gouvernements successifs. Les syndicats s'y opposent toujours. Début novembre, pour protester, ils ont même occupé le siège du parti libéral au pouvoir. « Nous voulons enrayer la tentative du gouvernement de liquider le droit à la retraite pour plusieurs centaines de milliers de Polonais », explique Boguslaw Zietek, du syndicat «Sierpien 80».

Une réforme urgente

Pourtant, même si l'opération est délicate pour le gouvernement de Donald Tusk, l'urgence de la réforme est évidente. Qui plus est, l'ancienne loi sur la retraite expire à la fin de ce mois de décembre. Les économistes tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme : « Si rien n'est fait, entre 2009 et 2013, 41 milliards d'euros vont manquer dans les caisses des retraites ! » Or, la réforme actuelle devrait permettre une économie d'environ 6 milliards d'euros par an.

Pour 9 millions de retraités, on compte 14 millions d'actifs, soit 1,5 actif pour un retraité. Et le taux d'activité et d'emploi pour les 55-64 ans est de 28 %, un des plus bas de l'Union européenne, pire que celui de la France, pourtant peu vertueuse. Selon le ministère du Travail, le nombre des retraités ne cesse d'augmenter : + 15,9 % en 2000 et + 22,4 % prévus en 2020. En Pologne, le régime de retraite est tout simplement menacé d'implosion et de faillite.