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Les pratiques

La CGT est toujours le premier des syndicats

Les pratiques | publié le : 09.12.2008 |

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La CGT est toujours le premier des syndicats

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Les élections prud'homales qui se sont déroulées le 3 décembre ont été un succès pour la CFE-CGC et la CGT, et une défaite pour la CFDT. Les employeurs de l'économie sociale progressent fortement.

Le 3 décembre dernier, 18,6 millions de salariés et 518 000 employeurs étaient appelés à élire 14 500 conseillers, dont la moitié d'employeurs (lire portraits ci-contre), dans 210 conseils. Marqué par une très forte abstention (74 %), le scrutin prud'homal a confirmé la hiérarchie entre les centrales syndicales. La CGT (33,6 %) reste en tête, devant la CFDT (21,7 %) ; FO (15,7 %) ; la CFTC (8,6 %) ; la CFE-CGC (8,2 %) ; l'Unsa (6,2 %) ; et Solidaires (3,8 %). La CGT et Solidaires obtiennent les plus fortes progressions par rapport aux élections de 2002, avec, respectivement, +1,5 point et +1,3 point. La CFE-CGC et l'Unsa, qui sont en train de fusionner pour créer un «pôle réformiste», gagnent toutes deux 1,2 point.

La CFDT subit la plus forte baisse d'audience (-3,4 points), devant FO (-2,5 points) et la CFTC (-1 point). Dans la section «encadrement», la CFE-CGC obtient 27,8 % des suffrages, en progression de 5 points par rapport à 2002. Elle passe devant la CFDT, qui, elle, réunit 22,9 % des suffrages (-5 points).

La CFE-CGC redevient le premier syndicat des cadres

La CFE-CGC apparaît donc comme la gagnante de ces élections puisqu'elle redevient le premier syndicat des cadres - position qu'elle avait perdue en 1997 - et qu'elle progresse toutes sections confondues. Sa stratégie d'alliance avec l'Unsa est confirmée par la progression de concert des deux organisations, dont l'addition des deux scores avoisine les 15 %.

A contrario, la CFDT subit un grave revers : elle se trouve maintenant 11 points derrière la CGT (7 points en 2002), et, dans la section encadrement, à 5 points de la CFE-CGC, alors qu'elle avait 6 points d'avance en 2002.

Huit points de mieux pour les employeurs de l'économie sociale

Du côté des organisations patronales, les listes d'union pour les droits des employeurs, réunissant le Medef, la CGPME, l'UPA, l'Unap et la FNSEA, obtiennent 69,8 % des suffrages, en baisse de 10 points par rapport à 2002. De leur côté, les employeurs de l'économie sociale - Gema, Unifed, Usgeres - progressent de 8 points, à 19 % des suffrages.

« J'ai voulu voir de près comment cela se passait »

Philippe Caquet

DRH en temps partagé, fondateur du cabinet-conseil Boost'rh.

Conseil de Bernay (Eure), président de la section encadrement,

collège employeurs. Quatrième mandat.

«Jeune DRH, j'ai appris que le Medef cherchait des candidats pour être conseillers prud'homaux. Ayant déjà eu des dossiers contentieux à défendre, j'ai voulu voir de plus près comment cela se passait. » Sa motivation d'alors ? Avoir accès à des domaines du droit social encore jamais approchés dans le cadre de son entreprise et, ainsi, se former.

C'était il y a plus de quinze ans. Depuis, ce DRH a changé à plusieurs reprises d'employeur, de conseil de prud'hommes et aussi de section. Ce qui ne change pas : son engagement, qui le conduit, deux à trois jours par mois, à siéger. Peu de DRH sont prêts à l'imiter.

« Normal, être conseiller prend du temps, alors que nous en manquons souvent pour notre propre activité ou pour générer du business. De plus, les chefs d'entreprise sont souvent déçus par l'institution du fait que ses jugements, en général, les condamnent. Mais, si les chefs d'entreprise préparaient mieux leurs dossiers, ils obtiendraient plus souvent gain de cause. »

Magistrats occasionnels

La tâche n'est pas non plus facile pour ces magistrats occasionnels : « Il faut rapidement retenir les éléments clés du dossier, savoir fonder son argumentaire pour convaincre ses pairs et pouvoir rédiger un jugement en s'appuyant sur le Code du travail, alors que les preuves sont souvent rares. »

CÉLINE LACOURCELLE

« Si j'étais resté dans mon bureau... »

Marc Desgorces-Roumilhac

Administrateur et DRH du Groupe Marie Claire (500 salariés permanents).

Conseil de Paris, section industrie, collège employeurs.

Second mandat.

DRH depuis vingt ans, Marc Desgorces-Roumilhac a longtemps connu l'institution en tant qu'usager. Et puis, il est passé de l'autre côté. « Il suffit simplement qu'un jour, on vous le demande et que vous en ayez envie. » L'envie est restée intacte, comme une certaine satisfaction du devoir accompli. Même si tout n'est pas toujours rose. « On sous-estime la disponibilité qu'exige cette fonction. » Il y a les audiences, les coups de main donnés aux collègues, les jours passés en formation... Il faut aussi supporter certaines confrontations détestables comme « celles vécues avec ces conseillers présents uniquement pour faire de l'opposition anti-entreprises et appliquer un mot d'ordre politique. Au lieu de dire le droit. Mais il y a aussi les rencontres avec les salariés, les employeurs, les magistrats, les greffiers, les avocats, qui n'auraient jamais eu lieu si j'étais resté dans mon bureau ».

C. L.

« Etre conseiller éprouve nos vérités »

Robert Isabella

DRH de Stef-TFE (15 000 salariés).Conseil de Lyon, section commerce, collège employeurs. Cinquième mandat.

Robert Isabella pratique l'institution prud'homale depuis 1992, en tant que conseiller du collège employeurs. « Je me suis pris au jeu », avoue le DRH de cette entreprise spécialisée dans la logistique du froid, comptant quelque 15 000 salariés. « On a réellement l'impression de faire vivre le droit et de participer à la construction de la jurisprudence sociale. On rend la justice, la responsabilité et le challenge sont énormes. » C'est aussi, selon lui, une formidable école, et ce, à plus d'un titre : pour la pratique du droit, tout d'abord, et, ensuite, pour une connaissance assez fine des sensibilités syndicales. De mandat en mandat, il gagne en efficacité. « Je vais moins en départage, je sais mieux défendre mon point de vue, j'argumente plus habilement. »

Qu'est-ce qu'un bon conseiller ? Qu'il soit élu sur une liste patronale ou salariale, il doit faire l'effort de rester impartial et être capable d'ouverture d'esprit, selon lui. D'ailleurs, Robert Isabella en convient : « Cette fonction éprouve nos vérités, le méchant n'est pas toujours là où on l'attend. »

Trop d'affaires injustifiées

Elle réserve aussi bien des surprises et quelques grincements de dents, comme ce fut le cas lors de cette audience où les ayants droit d'un salarié décédé étaient venus réclamer, six ans après sa mort, des dommages et intérêts fantaisistes, alors que la personne était partie à la retraite... onze ans auparavant. « Les prud'hommes sont parfois considérés comme le Loto, c'est énervant. Il y a trop d'affaires injustifiées, et des prétentions parfois démesurées. »

C. L.