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Transitio CTP Toulon accompagne vers d'autres métiers

Enquête | publié le : 09.12.2008 |

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Transitio CTP Toulon accompagne vers d'autres métiers

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Toulon est l'un des sept bassins d'emploi choisis en 2006 pour expérimenter le contrat de transition professionnelle. Avec un certain succès. Reportage dans les locaux de l'Afpa La Valette, où l'équipe de Transitio CTP a installé ses bureaux.

Sous la coiffe de cuistot, les yeux sombres de Julie sont déterminés. A 23 ans, quand son patron l'a licenciée, la jeune femme n'a pas perdu de temps pour ouvrir son restaurant, «Desirata», en face de l'ANPE et à deux pas du centre des impôts de Toulon. « Un rêve d'enfant », dit-elle doucement, sûre d'elle dans sa blouse blanche. Un rêve rendu possible par son adhésion au CTP, le contrat de transition professionnelle. « J'ai compris tout de suite que je serai suivie pour me remettre au travail, à un moment où j'avais besoin de me reconstruire après un licenciement brutal », explique-t-elle entre deux plats à servir.

Entrée dans le dispositif en février 2008, Julie a suivi le parcours de créateur d'entreprise mis au point par Transitio CTP Toulon, la filiale créée par l'Afpa pour mettre en oeuvre ce dispositif expérimental. « J'ai ouvert mon restaurant-salon de thé à l'été, et j'emploie déjà deux personnes à mi-temps, mon fiancé en salle et ma mère en cuisine », se réjouit Julie.

Sept bassins

Toulon est l'un des sept bassins d'emploi qui testent le CTP, une expérimentation lancée en avril 2006 et en passe d'être étendue à 18 nouveaux sites. Les adhérents bénéficient d'un accompagnement renforcé et individualisé, au minimum hebdomadaire.

Un dispositif original

Originalité du dispositif : il combine, si nécessaire, périodes de travail et de formation, et les conseillers viennent à la fois de l'Afpa, de l'ANPE, et, à Toulon, du cabinet privé Sodie.

Transitio CTP Toulon a pris ses quartiers au premier étage du centre Afpa de La Valette. Des plateaux, divisés chacun par de fines cloisons en quatre bureaux, s'alignent le long d'un couloir bleu-vert, qui domine le cimetière. Le démarrage a été difficile, avec quatre déménagements en dix mois et des retards d'ouverture de dossiers à l'Assedic qui ont repoussé le début des accompagnements.

15 conseillers référents

Aujourd'hui, avec Charleville-Mézières, le site toulonnais est celui qui accueille le plus d'adhérents. Quinze conseillers référents, deux secrétaires et la chef de projet, Myriam Rousselot, animent le dispositif. « Une équipe formidable, d'une très grande humanité et d'une grande souplesse intellectuelle », tient à souligner Myriam Rousselot. Elle aime rappeler que ses collaborateurs évoluent dans un « cadre ouvert ». « La seule consigne, c'est «inventez» ! » Et de citer la décision de recourir au contrat de professionnalisation, ou au CIF-CDD à l'issue d'une période travaillée de quatre mois, pour faire financer par l'entreprise et les Opca la formation longue des adhérents qui se reconvertissent dans un autre métier. « Ainsi, l'Etat ne supporte pas le coût de la formation et l'adhérent voit sa rémunération maintenue jusqu'au bout de sa formation, même si elle déborde la durée du CTP », précise Myriam Rousselot.

Individualisation

L'une des particularités du dispositif, c'est aussi l'individualisation. Chaque référent ne suit que 30 adhérents, qui disposent de son numéro de téléphone mobile et de son e-mail. Ils se rencontrent au moins une fois par semaine. L'équipe fait aussi un travail de fourmi auprès des entreprises du bassin d'emploi toulonnais, qui enregistre un taux de chômage de 9,1 %.

Ce mercredi après-midi, la responsable adjointe, Catherine Hecker, travaille avec deux conseillères emploi pour établir un plan d'action «recherche offre ciblée» (ROC). « Nous procédons à une analyse très fine des CV de demandeurs d'emploi, en tenant compte également du point de vue du référent, qui a une bonne connaissance de ses adhérents. Nous sommes, ainsi, en mesure de segmenter notre approche des entreprises pour leur proposer des profils ciblés », explique-t-elle. « Dans ce bassin d'emploi composé de TPE tertiaires, il faut aller chercher les emplois un par un », commente Myriam Rousselot.

Passer un diplôme

Sur le plateau voisin, Odile, référente CTP, reçoit Wilfried, 38 ans, plombier-chauffagiste et licencié d'une entreprise de 10 salariés qui a mis la clé sous la porte. Lui qui travaille depuis l'âge de 12 ans a décidé de relever «un défi» dans le cadre de son CTP : obtenir son diplôme d'installateur sanitaire et thermique par le biais de la VAE. Il va en profiter pour renforcer ses compétences en matère de chauffe-eau solaire. Le titre, délivré par l'Afpa, devrait lui ouvrir de nouvelles portes sur un secteur en demande. « Des offres dans mon métier, je peux en trouver tout seul à l'ANPE. Mais j'ai vu ce licenciement et la proposition d'adhérer au CTP comme une opportunité pour progresser », explique Wilfried. « On ira au bout, on y arrivera, croyez-moi », ajoute-t-il à l'intention de sa conseillère, qui n'en doute pas : « Monsieur est l'exemple même de ce que permet le CTP. Il sait ce qu'il veut. Nous sommes là pour l'aider à hiérarchiser ses priorités, à fixer des objectifs et à les mettre en oeuvre. »

Il arrive, parfois, qu'un adhérent ne voit dans le CTP qu'un effet d'aubaine, qui lui permettra de continuer à percevoir son salaire à taux plein pendant un an. « Ils sont très peu nombreux et, en général, on les repère de suite, assure Myriam Rousselot. Je les reçois en entretien de remobilisation. S'il le faut, ils sont radiés du dispositif. Notre énergie, nous la réservons à des gens qui en veulent. »

Repères

→ A Toulon, 1 149 demandeurs d'emploi sont entrés dans le dispositif, soit un taux d'acceptation de 79 %.

→ Taux de placement : 54 % (72 % quatre mois après la sortie du dispositif). Parmi les 446 personnes concernées, 289 sont en CDI ; 98 en CDD de plus de 6 mois. Plus de la moitié des adhérents ont suivi au moins une période de formation de 36 heures.

→ Profil : âgé de 26 à 45 ans, de niveau V, plus rarement IV, issu d'une entreprise tertiaire de moins de dix salariés et ayant plus de deux ans d'ancienneté.