logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

L'équipe CRP de l'ANPE marseillaise fait du sur-mesure

Enquête | publié le : 09.12.2008 |

A Marseille, 500 demandeurs d'emploi sont en permanence suivis par l'équipe CRP. Le taux de reclassement varie entre 50 % et 70 %. Reportage, un matin de novembre.

Samy vient d'être licencié de son poste de vendeur en papeterie. Noëlle était collaboratrice d'architecte dans un cabinet mis en difficulté par des soucis de trésorerie. Sabine est consultante en recrutement et chasseuse de têtes ; elle profiterait bien de son licenciement pour monter sa propre structure. Ils bénéficient tous les trois d'une CRP, une convention de reclassement personnalisé. Objectif : obtenir un reclassement accéléré sur une durée maximale de huit mois.

Entretien de prébilan

Ce 25 novembre, Samy, Noëlle et cinq autres nouveaux demandeurs d'emploi ont rendez-vous dans les locaux de l'antenne Assedic de la rue Paradis, un quartier chic de Marseille. Elle abrite l'équipe ANPE dédiée à la CRP pour toute l'agglomération. Les sept personnes viennent réaliser leur entretien de prébilan, qui doit intervenir dans les huit jours suivant l'entrée dans le dispositif.

Sylvie Lambert, l'animatrice de l'équipe CRP, leur rappelle brièvement les principes de la démarche : une indemnisation à hauteur de 80 % du salaire brut pendant trois mois, puis 70 % les cinq mois suivants, sous condition de deux ans d'ancienneté, une rencontre mensuelle avec son conseiller référent, et la mise en place personnalisée d'actions de soutien psychologique, d'orientation, d'accompagnement, d'évaluation des compétences professionnelles et de formation.

Cas par cas

« Nous allons faire du sur-mesure, en fonction de vos situations particulières », insiste Sylvie Lambert, petit bout de femme énergique. Quelques minutes plus tard, Noëlle, 34 ans, explique sa situation à l'un des sept agents de l'équipe CRP. Ces quatre dernières années, elle a continué à être rémunérée comme dessinateur projeteur alors qu'elle exerçait un « vrai travail de collaboratrice d'architecte ». A l'examen du CV, l'agent remarque « une belle présentation, mais vos compétences n'apparaissent pas assez ».

Les questions s'enchaînent sur son niveau de langues, le nombre de kilomètres et d'heures supplémentaires qu'elle accepterait. « Vous prendriez un CDD si on vous le proposait ? Il peut déboucher sur une embauche, vous savez. » Noëlle a déjà une idée sur son avenir. Elle compte exploiter ses contacts à La Réunion, où l'offre d'emplois dans son secteur est dynamique.

A la recherche d'«autre chose»

« J'ai accepté la CRP parce qu'elle permet de réduire le préavis à un mois et de se mettre vite à la recherche d'autre chose. Le niveau de l'indemnisation est aussi intéressant », confie Noëlle à la sortie de son entretien. « J'aurai du soutien ici, c'est certain, mais je n'attends pas de l'ANPE qu'elle me trouve un emploi. » Noëlle reviendra dans une semaine, pour rencontrer le conseiller qui sera son référent et établira sa feuille de route, avec les premières mesures d'accompagnement.

Un suivi à «taille humaine»

Comme Noëlle, 500 demandeurs d'emploi environ sont suivis en permanence par cette équipe « à taille humaine, interprofessionnelle et très réactive ». « Notre force, c'est aussi que nous passons tous une journée par semaine en prospection en entreprise, pour identifier leurs besoins et les postes disponibles, commente Sylvie Lambert. La CRP est plus efficace avec des demandeurs d'emploi prêts à balayer large dans leur recherche, sans exigences majeures en termes de salaire. Par exemple, je ne me fais pas de souci pour ce jeune homme, Samy, que je viens de recevoir en entretien de prébilan. Il est dégourdi, il a de l'expérience dans la vente et il peut exercer dans d'autres secteurs que le sien. »

Samy est diplômé d'un BTS management des unités commerciales, décroché en alternance. Il se considère comme « très polyvalent ». Il reviendra demain pour commencer à travailler avec son conseiller référent. Sylvie Lambert a déjà évoqué avec lui la possibilité d'un bilan de compétences. « Vous pourriez, ainsi, explorer d'autres métiers, dénicher des pistes que vous n'auriez pas imaginées. »

Rupture rapide du contrat de travail

Le bureau de l'animatrice, comme celui de ses collègues, ouvre sur une vaste salle d'accueil rectangulaire impersonnelle et peu fréquentée. Les bénéficiaires sont accueillis uniquement sur rendez-vous, chaque matin. Il n'y a pas de file d'attente. Sabine est, ainsi, rapidement reçue par son conseiller, qu'elle voit pour la deuxième fois en deux jours. Quand elle a été licenciée, elle songeait déjà à créer son propre cabinet de conseil en recrutement et chasse de têtes. « La CRP m'a évité d'allonger la souffrance avec trois mois de préavis et de démotivation, dit-elle avec un accent allemand. En rompant rapidement mon contrat de travail, je me suis libérée de la clause d'exclusivité qui me liait à mon ancien employeur et j'ai pu relancer mes clients et préserver mon business. »

Plan d'action

Sabine et son conseiller établissent son plan d'action : retirer un dossier d'aide à la création d'entreprise auprès de la chambre de commerce et participer, dans deux semaines, à un atelier d'information collective sur la création d'entreprise, avant de suivre, pendant un mois, un atelier d'évaluation préalable à la création d'entreprise avec un prestataire privé.

Avant qu'elle ne s'en aille, son conseiller jette un oeil aux offres d'emploi circonscrites dans un rayon de 30 km, qu'elle ne veut pas dépasser. Elle répondra à un cabinet de conseil RH, au cas où son projet se mette à battre de l'aile.

Repères

→ Taux d'adhésion à Marseille : 50 % des personnes susceptibles d'entrer dans le dispositif.

→ Taux de retour à l'emploi : entre 50 % et 70 %. Entre un tiers et la moitié d'entre elles retrouvent un poste en CDI ou en CDD de plus de six mois. Les autres sortent du dispositif pour une mission d'intérim, un CDD de moins de six mois ou une création d'entreprise.

→ Taux de chômage (Bouches-du-Rhône), au 2e trimestre 2008 : 9,8 %.