La SNCF voulait conquérir des parts de marché : dans l'Hexagone, en concurrençant l'avion ; à l'étranger, portée par ses avancées technologiques. Ce projet, en phase avec les enjeux d'une entreprise moderne, semble en voie de capoter. Incidents, retards à répétition... La SNCF fait souvent la Une de l'actualité, mais à la place du cancre, et cela ne date pas des attaques «terroristes» sur ses voies.

Que s'est-il passé entre l'entreprise de papa, quand les trains arrivaient à l'heure et que les cheminots étaient fiers d'appartenir à la maison, et l'entreprise d'aujourd'hui, qui joue les matamores sur la scène internationale mais où les dysfonctionnements se multiplient ?

Pour Dominique Decèze, spécialiste des relations sociales et de la santé au travail, le changement tient au fait que les modes de management new look sont passées par là : diminution des effectifs, réduction de l'encadrement, temps trop long passé en reporting... Comme il l'a déjà fait pour France Télécom et pour EDF, l'auteur a mené l'enquête auprès du personnel ; le tableau qu'il dresse est consternant.

Pour sortir de cette impasse, il préconise la mise en place d'un observatoire des risques psychosociaux et la prise en compte de la souffrance au travail. Un meilleur suivi de l'accord mobilité permettrait également de repenser les liens entre l'exposition aux risques et les pratiques RH. Celles-ci gagneraient à être davantage mobilisées sous l'angle de la prévention et de l'accompagnement social des personnels. Un programme qui permettrait de réconcilier performance technologique et performance humaine. P. R.