Tout est parti d'une rencontre fortuite, il y a quelques années, dans une salle de fitness, entre le directeur de DuPont Luxembourg et le médecin du travail. Pendant qu'ils font leurs exercices, le premier interroge le second sur l'état de santé du personnel. Qui lui répond qu'il pourrait être meilleur. Les appareils sur lesquels les deux hommes se dépensent leur donnent alors l'idée de les implanter au sein même de l'entreprise.

L'initiative a valu à la filiale luxembourgeoise du groupe chimique américain le récent Prix Santé Entreprise du gouvernement luxembourgeois. Quatre ans après son ouverture, le centre fitness ne désemplit pas. Un cinquième des 1 200 salariés du site de Contern le fréquentent assidûment. Sans en être de leur poche : le fabricant de films plastiques et élastomères rend son utilisation gratuite. Il la prévoit en dehors des heures de travail, sauf si le médecin prescrit des séances à un salarié dont la suppression des kilos superflus est jugée nécessaire au maintien sans risques à son poste. Ce cas ne concerne qu'une dizaine de collaborateurs.

L'animation est confiée à un kinésithérapeute et à un moniteur extérieurs. Ils sont présents environ deux fois par semaine, notamment pour prodiguer leurs conseils à ceux qui débutent et pour concocter à chacun un programme adapté à ses demandes et à ses capacités. L'employeur recommande à ses salariés de ne pas dépasser une fréquence de trois entraînements de 20 minutes chacun par semaine.

La mise en place a suivi plusieurs étapes. Outre l'étude de faisabilité par le recensement de l'intérêt du personnel et de ses pratiques sportives, DuPont a procédé à un essai pilote de six mois auprès de 50 volontaires, dont il a fait dresser un bilan de santé avant et après. « La nette amélioration des paramètres physiques et physiologiques - augmentation de la force musculaire - ainsi que le faible taux d'abandons, de 3 sur 50, ont conduit à décider de l'installation définitive de la salle », souligne la direction.

L'initiative ne poursuit pas que l'objectif du bien-être personnel : l'employeur entendait aussi réduire le taux d'absentéisme et les arrêts maladie imputables aux affections de type douleurs vertébrales, tendinites et arthrites, sources de moindre productivité. Selon lui, cet objectif a été atteint. « La démarche est complémentaire de l'amélioration de l'ergonomie : celle-ci adapte les machines à l'homme, tandis que le fitness peut aider à adapter les hommes aux impératifs de leur travail », ajoute-t-il.

« Il y a lieu de saluer l'initiative. Les gens en font rarement assez pour leur santé. Donner la possibilité de séances sur place s'avère sans doute plus efficace qu'externaliser, comme nous l'avons déjà fait par le passé », estime Nico Walentiny, le responsable des délégués du syndicat chrétien LCGB.

DuPont Luxembourg cofinance aussi les dépenses médicales contre l'obésité. Avant le centre fitness, il avait déjà aménagé, derrière son site, un parcours santé, également ouvert au public.