Deux ans après la signature de son premier accord sur la carrière des seniors, Essilor prépare, pour la fin de l'année prochaine, un second texte avec des objectifs plus ambitieux et, surtout, chiffrés.
« Un tiers de nos 4 000 collaborateurs ont eu plus de 50 ans en 2007, et je ne laisserai personne dire que c'est un handicap ! », assène Joël Gavazzi, DRH d'Essilor France. Le fabricant de verres optiques leur a trouvé un nom : les «Essiboomers» sont les salariés de 50 ans ayant au moins un an d'ancienneté, ou ceux de 45 ans qui ont plus de vingt ans de carrière dans l'entreprise. Essilor souhaite aujourd'hui leur accorder une attention particulière.
Un «accord sur le développement et la dynamisation des Essiboomers» a été négocié et signé par l'ensemble des partenaires sociaux en 2006. Objectifs : reconnaître la place des seniors dans la réussite de l'entreprise, leur donner, si nécessaire, une nouvelle dynamique de carrière, et gérer les départs naturels en assurant la transmission des savoir-faire.
Principale innovation : l'entretien de troisième partie de carrière permet d'envisager toutes les pistes possibles en matière de mobilité et de formation pour aider le salarié à se projeter dans un horizon plus lointain au sein de l'entreprise. « En deux ans, nous avons réussi à le rendre quasi systématique », se félicite Joël Gavazzi, qui reconnaît, toutefois, que les avancées en terme d'allongement des carrières restent modestes. « Après trente ans de pratique généralisée des préretraites, on ne peut pas décréter, du jour au lendemain, que tout est fini. Je reçois encore régulièrement des salariés de moins de 60 ans qui me demandent quand je vais les laisser partir. » Lucide, le DRH admet que certains ouvriers bénéficieront encore de départs anticipés si la pénibilité de leur poste le justifie.
Par ailleurs, si la crise qui se profile est vraiment difficile et rend un plan social nécessaire, « nous pourrons revenir aux départs anticipés ». Mais il ne s'agirait là, pour Joël Gavazzi, que de mesures ponctuelles : « Sur le long terme, il faut absolument promouvoir les carrières longues. »
Le nouvel accord, qui devrait être ratifié fin 2009, marquera une étape supplémentaire dans cette voie : « Notre deuxième accord comprendra des objectifs chiffrés. » Parce que la loi l'impose à compter de 2010. Mais aussi, et surtout, parce que c'est le seul moyen d'avancer vraiment.
• Activité : optique.
• Effectifs : 4 000 salariés en France.
• Chiffre d'affaires 2007 : 2,9 milliards d'euros.
