Les centres de recherche en management perçoivent déjà, depuis quelques années, l'émergence d'un profil de leader conscient des enjeux de la planète, fortement engagé dans le développement durable, porteur d'une véritable éthique et fervent partisan de la collaboration entre équipes. Les turbulences financières d'aujourd'hui rendent encore plus évidente la nécessité de ces leaders.
A la Harvard Business School, le professeur Rakesh Kurana estime que la responsabilité des managers va bien au-delà de faire des bénéfices. A ses yeux, les exigences nouvelles sont telles qu'il faudrait instaurer un examen pour certifier les managers. Il serait même souhaitable d'instaurer un code d'éthique et un serment, à l'image de celui des médecins ou des avocats. Récemment, Klaus Schwab, le fondateur et président du forum économique mondial de Davos, s'exprimait dans la presse en disant : « Peut-être faut-il créer un équivalent du serment d'Hippocrate des médecins dans le domaine du management, qui intègre cette notion de responsabilité globale. » Après des années de management centré sur le profit des actionnaires, le leader responsable arrive sur le devant de la scène.
Première évidence : être manager est un métier. Il requiert un engagement personnel, un sens des autres et la volonté de se perfectionner en permanence afin d'intégrer ces nouvelles exigences. Après la gestion d'une activité et l'animation d'une équipe, nous avons assimilé le marketing et la finance ; puis, la communication, la conduite du changement et la gestion de projets latéraux. Aujourd'hui, c'est l'éthique, le développement durable et les dynamiques de motivation collective qu'il faut intégrer. Si un diplôme était requis, témoignant de notre aisance acquise dans la pratique de ces nouveaux sujets, réussirait-on à le décrocher ?
Deuxième certitude : pour être leader, le charisme ne suffit plus. Effectivement, le leader de demain est solide, fiable et généreux avant d'être charismatique. Il a le sens du service, non seulement à l'égard de ses clients mais également envers les salariés, les partenaires et la communauté qui l'entoure. Fortune utilisait récemment la métaphore du responsable de la surveillance des plages : calme, posé, professionnel. Il scrute le temps et la météo prévisionnelle, anticipe les turbulences et communique largement pour rendre les gens plus avertis et responsables. Il ne panique pas devant l'imprévu, il s'organise et fait face aux problèmes en s'appuyant sur les compétences de ses coéquipiers. Ensemble, ils savent donner confiance dans toute la zone qu'ils surveillent.
Troisième pilier du futur : le leader de demain est totalement engagé dans le développement durable. Il est conscient de l'urgence, bien sûr, mais surtout convaincu de la puissance d'action que représentent des personnes passionnées et dignes faisant chaque jour des actes responsables. Autour de lui, cette conviction devient contagieuse et se transforme en vrai projet d'entreprise au service d'une cause majeure. Agir ensemble pour l'avenir de la planète - et donc, bien sûr, pour l'avenir de nos entreprises - permet à chacun de retrouver de la cohérence, de la fierté, de l'espoir et du sens.
Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <
