Les campagnes de sensibilisation à l'emploi féminin dans des secteurs d'activité particulièrement dominés par la gente masculine fonctionnent-elles ? Oui, à en croire les résultats de l'opération «Femmes, osez le bâtiment», slogan de la campagne de sensibilisation du public féminin aux métiers du premier et du second oeuvre, lancée par la Fédération Midi-Pyrénées du bâtiment entre 2003 et 2005. Cette campagne a, en partie, amorcé un vrai changement culturel.

L'opération, menée en partenariat avec le conseil régional, la DRTEFP, l'Assedic et l'ANPE, a permis de toucher 1 200 personnes ; 494 candidates ont été reçues en entretien individuel et 233 ont été intégrées dans le programme de «sas découverte du métier du BTP». Les effets sur le recrutement ne sont pas négligeables. En Midi-Pyrénées, la part des femmes sur des postes de production est passée de 9,95 % en 2003 à 14,12 % en 2007.

« Cette campagne a été lancée par la fédération pour amorcer un changement culturel tant chez les demandeurs d'emploi, chez les prescripteurs que dans les entreprises. Le plus étonnant, c'est que l'on attendait les femmes plutôt dans les métiers du second oeuvre, plus minutieux et méticuleux, type carreleur ; or, on les retrouve également dans toute la palette des emplois, aussi bien ceux de cariste, de grutier et même ceux du gros oeuvre ! », constate Pierre Sarrat, secrétaire général de la Fédération Midi-Pyrénées du bâtiment.

Aujourd'hui, le dispositif est entré dans sa deuxième phase. Les entreprises prennent désormais le relais seules. Exemple parmi d'autres : l'entreprise Bourdarios, une PME tarn-et-garonnaise de 450 salariés, qui a conçu, en partenariat avec le CFA toulousain Pierre-Paul Riquet, deux formations en alternance au premier et au second oeuvre. Lors du premier semestre 2009, ces cursus intégreront une quinzaine de candidates aux métiers du bâtiment. Ces formations s'appuieront sur un chantier-école du centre-ville de Toulouse, en partenariat avec le maître d'ouvrage, un bailleur social toulousain, la SA HLM Promologis. Ce programme de préprofessionnalisation, conçu pour un groupe de huit personnes, et qui s'appuie sur le principe du tutorat, a pour originalité d'associer aux formations techniques des modules spécifiques au public féminin. Ainsi, centrés sur « le respect de soi et de la santé » (préparation physique et mentale, diététique...), ces modules à contenu psychologique et sociologique permettront également aux postulantes de concilier vie privée et vie professionnelle ou encore de se construire «une identité professionnelle» à part entière dans un monde où les codes masculins sont prééminents.