S'ils veulent doper leur intéressement, les 81 salariés de Sojinal doivent se montrer éco-vertueux. Ce producteur de lait de soja - 100 % non-OGM ! - à Issenheim (Haut-Rhin) a désigné le développement durable comme principal critère de son accord signé en 2006 : dans la version 2008 du texte, 7 des 11 indicateurs se rapportent à l'environnement. La diminution des pertes de jus de soja et d'emballage dans le conditionnement, la baisse des quantités d'eaux usées et de déchets, la diminution de la consommation d'eau, d'électricité et de gaz forment le socle du calcul. Ces critères sont complétés par d'autres liés à l'absentéisme et au process de fabrication.

« La construction de notre intéressement résulte de la rencontre de deux objectifs : trouver un moyen de motiver le personnel jeune et qualifié (34 ans de moyenne d'âge, deux tiers de diplômés bac + 2) ; rechercher des indicateurs techniques de performance, étant donné que les critères commerciaux ne peuvent pas s'appliquer à notre entreprise, qui ne vend qu'à sa maison mère, le belge Alpro. Or, le développement durable répond à cette seconde caractéristique, et son respect constitue un impératif dans notre secteur de l'agroalimentaire », relate Jean-Claude Riedel, directeur de l'usine alsacienne certifiée environnement ISO 14001 et lauréate 2008 du grand prix «Initiatives du développement durable» de l'organisme Alsace Qualité.

Autre avantage du dispositif : l'objectivité, selon son dirigeant. « Toutes les performances sont parfaitement mesurables et elles peuvent se comparer à la moyenne du groupe, qui dispose des mêmes indicateurs de suivi. » L'analyse des résultats ne prête pas à contestation, confirme Ludovic Leuvrey, élu sans étiquette au CE (aucune section syndicale n'est représentée à Sojinal), dont la principale réserve concerne l'évaluation de l'absentéisme.

D'année en année, des critères supplémentaires peuvent se rajouter. Les objectifs font l'objet d'une révision annuelle... à la hausse, sauf exception. Jusqu'à atteindre un seuil infranchissable qui réduirait de ce fait l'intéressement à néant ? Sojinal n'en est pas là, mais son directeur en convient, « le maintien d'une performance peut représenter en soi une performance, et il faudra en tenir compte ». La question se pose pour les pertes d'emballage : comme elles ne descendent pas durablement sous la barre des 3 %, elles n'ont généré, pour l'heure, aucun gain financier en 2008. Malgré tout, l'intéressement dépassera, cette année, les 2 000 euros net par personne, soit l'équivalent d'un peu plus d'un mois de salaire, après avoir atteint ce chiffre en 2006 et être resté légèrement en dessous l'an dernier.

La prime d'intéressement capte la moitié des économies réalisées au niveau des 11 critères. Elle-même se répartit de façon égalitaire pour moitié, et proportionnellement au salaire pour l'autre moitié. « Son attribution ne se fait pas au détriment du salaire fixe, les négociations annuelles se déroulent dans un bon climat », estime Ludovic Leuvrey. Les augmentations générales ont toujours couvert au moins l'inflation, y compris cette année.